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La spirométrie facile du MG.

La spirométrie facile du MG
Diagnostic et suivi des BPCO, de l'asthme …
Dr Michèle CATTO – EFR CRU ICP LILLE
Dr Thierry PEREZ - EFR CRU ICP LILLE


Introduction
La spirométrie est un examen clé dans l’évaluation de la fonction respiratoire. Cette formation vise à fournir une compréhension complète de la réalisation, de l’interprétation et de l’importance de la spirométrie dans la pratique clinique.

Objectifs de la formation
* Comprendre les principes de la spirométrie
* Savoir réaliser un examen spirométrique de qualité
* Interpréter les principaux résultats
* Identifier les erreurs courantes et savoir les éviter

Définition et principes de la spirométrie
* L’épreuve fonctionnelle respiratoire est un examen indispensable en pneumologie avec la clinique et la radiographie  pulmonaire. 
* La spirométrie est une méthode de mesure des volumes mobilisables (CVL - CVF) et des débits respiratoires (VEMS) :
o La capacité vitale (CV) est la quantité maximale d’air qu’une personne peut expulser des poumons :

* CV = VRI + Vt+ VRE (volume de réserve inspiratoire – volume courant – volume de réserve expiratoire).
o L'acronyme VEMS signifie Volume Expiratoire Maximal en 1 Seconde. Il indique le volume d’air qu'une personne peut expulser de manière forcée en une seconde. Ce paramètre est essentiel pour évaluer la présence d’obstructions dans les voies respiratoires.


Intérêt de la spirométrie
* La spirométrie a plusieurs objectifs essentiels dans la prise en charge des patients présentant des symptômes respiratoires. Elle intervient notamment dans le bilan diagnostic initial devant des symptômes tels qu’une dyspnée ou une toux chronique
* Elle reste l’examen de référence pour mettre en évidence un trouble ventilatoire obstructif (TVO). Elle permet également d’évaluer la gravité et le pronostic d’une maladie respiratoire, d’orienter les traitements et de contrôler leur efficacité.
* En outre, la spirométrie est utilisée pour l’évaluation préopératoire avant une chirurgie thoracique mais aussi dans la surveillance professionnelle (exposition à des agents toxiques)
* Elle est indispensable au diagnostic de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), : le TVO de la BPCO persiste même après administration de bronchodilatateurs. 
* Enfin, si la spirométrie peut faire suspecter un trouble ventilatoire restrictif, sa confirmation nécessite cependant la mesure des autres volumes pulmonaires.

Points essentiels
* Bien connaître l’utilisation du spiromètre : il est essentiel de maîtriser le fonctionnement de l’appareil, ses réglages et les procédures d’entretien pour garantir la fiabilité des mesures.
* Bien expliquer au patient le but de l’examen et les manœuvres : une explication claire favorise la coopération et réduit l’anxiété, permettant ainsi d’obtenir des résultats plus fiables.
* Stimuler vocalement le patient : encourager le patient de manière répétée tout au long de la réalisation des manœuvres est indispensable pour assurer un effort maximal et une bonne qualité des courbes.
* Obtenir au moins 3 essais acceptables et reproductibles : il est recommandé de réaliser plusieurs essais afin de vérifier la cohérence des résultats et d’éliminer les erreurs liées à une mauvaise exécution.
* Choisir les valeurs adaptées : lors de l’interprétation, il faut sélectionner les valeurs les plus représentatives et conformes aux critères de validité définis par les recommandations internationales.
* Maîtriser l’interprétation des courbes et connaître les limites de la spirométrie : il est important de savoir analyser les courbes obtenues, de détecter les artefacts, et de reconnaître les situations où la spirométrie ne suffit pas à elle seule pour poser un diagnostic.

Matériel
* Capteurs de débit : 
1. Pneumotachographe à grille classique (Fleisch ou Lilly) nécessitant un nettoyage ultrasonique régulier
2. Turbine réutilisable ou à usage unique
3. Capteur ultrasonique à usage unique
Ces deux derniers sont utilisables facilement par les médecins généralistes.
* Calibrage quotidien impératif (conformément à la norme ISO), sauf pour les dispositifs utilisant des capteurs à usage unique (selon les recommandations du constructeur ou les études publiées)
o Seringue étalon de 3 litres pour la vérification de l’étalonnage
o Calibrage « biologique » (avec un sujet sain) mensuel recommandé, quel que soit le type de capteur utilisé
* Filtre antibactérien ou capteur-embout à usage unique (turbine ou filtrette à ultrasons)
* Embout buccal à usage unique
* Pince-nez
* Lingettes désinfectantes

Remarques préalables
* Vérifier l’absence de contre-indications : 
> Anévrysme cérébral
> Hypertension intracrânienne
> Chirurgie ophtalmologique ou ORL récente
> Anévrysme de l’aorte thoracique ascendante évolutif ou de grand diamètre
> HTA sévère non contrôlée
> Infarctus récent (< 7 jours), angor instable
> Hémoptysie
> Embolie pulmonaire
> Pneumothorax récent (< 2 semaines)
> Infection transmissible (tuberculose, hépatite B…)
> Infection broncho-pulmonaire active
* Peu de chance si :
> Douleur thoracique ou abdominale
> Douleur faciale augmentée par l’embout buccal
> Troubles cognitifs
> Incontinence à l’effort
* Conditions de réalisation de l’examen : LE PATIENT DEVRAIT
> Ne pas avoir fumé dans l’heure précédant l’examen,
> Avoir consommé de l’alcool dans les 4 heures précédant l’examen,
> Avoir fait un exercice intense,
> Avoir pris un repas copieux dans les 2 heures précédant l’examen,
> Porter des vêtements qui limitent l’expansion thoracique ou abdominale.

Préparation du patient
* La position assise, dos droit, sans flexion ni extension cervicale excessive, est recommandée. Expliquer clairement le déroulement de l’examen. Informer sur la nécessité d’une collaboration active
* Il est en effet important d’obtenir une coopération maximale par une stimulation permanente, qu’elle soit verbale ou gestuelle, tout au long du test. Attention : un effort sous-maximal lors de la spirométrie forcée peut induire une surestimation des débits expiratoires et du VEMS chez les patients obstructifs, en diminuant la compression dynamique des voies aériennes. 
* Il convient d’effectuer au minimum trois manœuvres, et au maximum huit, pour garantir la fiabilité des résultats.

Déroulement
* La spirométrie se déroule en deux temps principaux, notamment pour permettre une cotation précise des résultats. 
* Les paramètres mesurés sont donc :
o CVF (Capacité Vitale Forcée)
o VEMS (Volume Expiratoire Maximal Seconde)
o Rapport VEMS/CVF
o Débits expiratoires de pointe (DEP)
* Tout d’abord, il s’agit de mesurer la capacité vitale lente (CVL), qui consiste à effectuer une expiration lente et complète après une inspiration maximale. 
* Puis la réalisation d’une courbe débit-volume lors d’une expiration forcée qui permet de mesurer le VEMS (Volume Expiratoire Maximal Seconde) ainsi que la Capacité Vitale Forcée (CVF). 
* Ces deux étapes sont essentielles pour une évaluation complète de la fonction respiratoire et vous seront expliquer durant l’atelier.
o CVL
* Obtenir un mode ventilatoire stable est essentiel avant la réalisation des manœuvres de spirométrie. 
* Il s’agit de placer le patient au niveau de la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF), c’est-à-dire à la fin d’une expiration normale et calme.
* Deux manœuvres sont alors possibles :
* CVL expiratoire : le patient prend d’abord une inspiration maximale jusqu’à la capacité pulmonaire totale (CPT), puis effectue une expiration lente et complète jusqu’au volume résiduel (VR).
* CVL inspiratoire : le patient expire d’abord à fond jusqu’au VR, puis inspire lentement et complètement jusqu’à la CPT. En effet chez les patients présentant un syndrome obstructif, le résultat de la CVL est souvent meilleur, car cette méthode limite le risque de piégeage expiratoire, contrairement à l’expiration forcée qui peut accentuer la fermeture prématurée des voies aériennes.
o CVF
* La réalisation de la CVF nécessite le respect de plusieurs étapes techniques pour garantir la fiabilité des mesures.
*  Il faut commencer par une inspiration complète et rapide, suivie d’une pause très courte (moins d’une seconde), car une pause trop longue réduit les débits et diminue l’élasticité pulmonaire. 
* L’effort expiratoire doit être maximal dès le début et maintenu jusqu’à la fin de l’expiration. 
* Une stimulation active du patient est essentielle pour obtenir un bon départ et atteindre un débit de pointe précoce, idéalement avec un délai inférieur à 120 ms.
* L’expiration doit être complète : le débit doit descendre sous 25 mL/s dans la dernière seconde et la durée de l’expiration doit être d’au moins 15 secondes, ou jusqu’à ce que le sujet soit incapable de poursuivre l’effort. 
* Il est primordial d’éviter la toux, surtout au début de l’expiration, ainsi que la fermeture de la glotte afin d’assurer la validité des résultats.
* Si CVF < CVL => signe de trappage – poumons n’arrivent pas à se vider lors de la manœuvre forcée => « emphysème »
* Points critiques :
* Inspiration complète et rapide
* Absence de pause en fin d’inspiration
* Début d’effort expiratoire franc et immédiat
* Expiration prolongée jusqu’à la vidange pulmonaire maximale

Préalable à l’interprétation des résultats
* Avant d’interpréter les résultats : vérifier l’acceptabilité et la reproductibilité
Résultats :


Conditions de cotation de la spirométrie
Après avoir vérifié les conditions de cotation de la spirométrie, il est essentiel de s'assurer que l'opérateur ait reçu une formation adéquate afin de garantir la qualité des examens réalisés. Le respect strict des critères de qualité et de reproductibilité est indispensable pour valider les mesures obtenues.
La mesure de la capacité vitale lente (CVL) ainsi que l'enregistrement précis de la courbe débit-volume constituent des étapes fondamentales pour une analyse fiable. L'interprétation des résultats doit être réalisée par un professionnel formé, qui apposera ensuite sa signature sur le compte-rendu.
Le stockage et l'impression des résultats doivent respecter la confidentialité des données médicales et permettre un archivage conforme à la réglementation en vigueur.
Pour la facturation, la spirométrie est codée selon la CCAM : GLQP012, d’un montant de 40,28 €. À compter du 01/01/2026, un cumul sera possible avec l’acte « C » et le code GLQP012.

Conclusion
La spirométrie est un examen simple, rapide et non invasif mais qui nécessite une rigueur méthodologique pour fournir des résultats fiables et utiles à la prise en charge des patients. Une formation régulière et une pratique soutenue permettent d’optimiser la qualité des examens réalisés.
Ressources complémentaires
* Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF)
* Guides pratiques pour la spirométrie
* Sites d’e-learning spécialisés

Présentation lors du congrès :