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Neuromodulation et incontinence


 

Docteur Damien MOUTON

 

 

Souffrir d’incontinence urinaire ou fécale, comme le décrivent les patients, équivaut à renoncer à toute vie sociale, professionnelle, sportive et affective.

Cela signifie se retrouver bloqué à domicile, proche des toilettes, sans rien pouvoir contrôler.

Comment envisager le moindre trajet, voiture ou transport en commun, lorsque la notion de besoin est telle que vous devez aller aux toilettes dans l’instant ?

Honte et dégoût de soi sont les sentiments les plus souvent décrits, associés à la dépression et à l’isolement physique et moral. Un véritable calvaire.

L’incontinence urinaire n’est pas une fatalité en soi et doit être prise en compte comme toute autre pathologie

 

I – Le principe

 

La neuromodulation des racines sacrées consiste à délivrer de faibles impulsions électriques au système nerveux contrôlant le fonctionnement de la vessie, de l’anus et du rectum ; elle permet de corriger certains troubles liés à l’hyperactivité vésicale et à l’incontinence fécale, c’est-à-dire :

- L’urgence (besoin soudain et impérieux) qui raccourcit le délai de sécurité séparant l’envie de la fuite ou de la perte involontaire de selles.

- La présence de pertes incontrôlées lors d’un besoin urgent.

- L’augmentation de la fréquence des mictions dans le cadre de l’incontinence urinaire.

Les patients souffrant d’hyper-activité vésicale ou d’incontinence fécale sont tout d’abord traités par des médicaments. Cependant, un grand nombre d’entre eux ne sont pas soulagés par ces thérapies. Jusqu’à présent, ces patients en échec étaient dans une véritable impasse thérapeutique et n’avaient d’autre alternative que les protections à vie ou accepter de subir une chirurgie lourde et destructrice.

Aujourd’hui, la neuromodulation permet de leur apporter une solution : la simplicité, la bonne tolérance et l’efficacité immédiate du neuromodulateur ou « pacemaker de l’incontinence » répondent aux attentes des patients qui voient enfin leur calvaire prendre fin dès son implantation au point de décrire un « avant » et un « après ».

 


 

II - Réversibilité et respect des structures anatomiques

 

Peu invasif et totalement réversible, ce dispositif de neuromodulation est implanté sans dommage pour les structures anatomiques. Cette thérapie peut être arrêtée sans inconvénient- provisoirement par exemple pour mener à bien une grossesse ou subir une chirurgie. Le patient possède un programmateur lui permettant de stopper ou remettre en route le neuromodulateur grâce à un simple bouton « on/off ».

 

III - Sélection des candidats et rigueur scientifique

 

La démarche qui préside à la sélection des patients repose sur : certains examens confirmant l’origine, la nature de l’incontinence, l’adéquation entre le profil du patient et la technique employée. Aussi pratique-t-on après l’interrogatoire et l’examen clinique rigoureux, un bilan approfondi. Dans le cadre de l’incontinence urinaire, il s’agit d’un bilan de la fonction urinaire comprenant une exploration urodynamique (débitmétrie, cystomanométrie). Pour l’incontinence fécale, un bilan de la fonction du bas appareil digestif comprenant une exploration par manométrie ano-rectale. Dans les deux cas, le bilan est complété par des examens radiologiques et endoscopiques.

Un test de stimulation destiné à vérifier l’efficacité de la thérapie est pratiqué. Sa durée est de 3 à 5 jours (incontinence urinaire) ou de 1 à 3 semaines (incontinence fécale).

IV – Technique chirurgicale

La neuromodulation se déroule en 2 étapes : le test puis l’implant

 

1 – le Test :

• Cette procédure simple et non douloureuse consiste à placer, sous anesthésie locale, une électrode en percutané à proximité du nerf sacré concerné.

• Cette électrode est reliée à un stimulateur externe. A l’issu de la période de test, le dispositif externe est retiré. Ensuite, patient et médecin sont en mesure d’évaluer les résultats de la thérapie et décider l’implantation du matériel permanent.

Le test est positif si l’amélioration des symptômes dépasse 50%.

2 – L’implant :

Lorsque le test est considéré comme positif, le neuromodulateur est implanté en sous-cutané en haut de la fesse, sous anesthésie locale. Il est connecté à l’électrode positionnée à proximité du nerf sacré.

Ce dispositif va donc délivrer en continu des impulsions électriques indolores de façon à restaurer le contrôle mictionnel ou ano-rectal.

Il ne reste plus qu’à régler les paramètres de stimulation…

Ce réglage est effectué par le médecin de façon externe, par télémétrie, à l’aide d’une console de programmation.

Les éventuels réglages ultérieurs destinés à optimiser les résultats thérapeutiques ne nécessitent pas d’hospitalisation.

Le « pacemaker de l’incontinence » peut ainsi fonctionner pendant 7 à 10 années jusqu’à usure de la pile qui est remplacée sous anesthésie locale.

Comme pour un pacemaker en relation avec le coeur, le neuromodulateur va prendre la relève pour rétablir l’équilibre de la sphère ano-rectale et restaurer la qualité de vie permettant au patient de retrouver une vie pleine et entière.


 

Quelques chiffres :

La neuromodulation des racines sacrées existent depuis plus de 10 ans 125000 patients ont déjà bénéficiés de la techonologie interstim dans le monde, en France, plus de 8000 patients implantés pour les indications urologiques et gastro et il existe environ 170 centres implanteurs.

La prise en charge par la sécurité sociale de ce traitement a été acceptée en 2002 pour les indications urinaires et l’HAS a donné son accord en 2009 pour les incontinences fécales.