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Surveillance du rachis de l'enfant


 

Docteur Damien FRON

 

  1. Quelles sont les pathologies rachidiennes les plus fréquentes chez l’enfant ?
    • Scoliose

q Déformation non douloureuse

q Gibbosité

    • Cyphose

q Peut être douloureuse (Scheuerman)

q Le plus souvent asthénique

    • Spondylolisthesis

q Fréquent mais le plus souvent asymptomatique

q Lombalgies

    • Dorsalgies banales

q Post-traumatiques

q Peuvent révéler une infection ou une tumeur

q Le plus souvent fonctionnelles

q La scintigraphie peut être un bon examen de débrouillage

  1. L’examen du rachis
    • Il se fait sur un enfant debout et torse nu
    • Il est rapide : recherche d’un déséquilibre, d’une zone douloureuse à la palpation, d’une gibbosité lors de la manœuvre d’anteflexion
  2. La scoliose se diagnostique cliniquement par la gibbosité

La gibbosité se recherche sur un patient torse nu par la manœuvre de flexion antérieure du tronc. Elle se définit par une asymétrie par rapport à la ligne des épineuses. Elle est le témoin de la rotation vertébrale qui est l'élément clé de la scoliose.

  1. La scoliose n’est pas douloureuse

En cas de douleurs, un bilan est nécessaire (biologie, radio selon le type de douleurs) : recherche une infection ou une tumeur

  1. Scoliose aux différents âges
    • La plus fréquente : scoliose idiopathique de l’adolescente (autour de la puberté)
    • Scoliose du nourrisson : évolution souvent spontanément favorable
    • Scoliose du jeune enfant

q Malformative (hémi vertèbre) : traitement chirurgical parfois nécessaire vers 3 ans

q Scoliose idiopathique infantile : évolution souvent péjorative nécessitant un traitement orthopédique lourd et prolongé souvent complété par une intervention chirurgicale

  1. L’attitude scoliotique n’est pas une scoliose

L'attitude scoliotique est une déformation secondaire du rachis, le plus souvent par inégalité de longueur des membres inférieurs. Le rachis ne fait que compenser l'obliquité du bassin. Il n'y a donc pas de gibbosité (et pas de rotation vertébrale)!

  1. La gibbosité nécessite un bilan radiographique

Afin d'évaluer l'importance et la cause de la scoliose, il est nécessaire de réaliser un bilan radiographique (demander un rachis total de face et de profil debout). Ne pas multiplier les examens radiographiques!

Il faut également compenser une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs en réalisant la radio avec une talonnette sous le membre le plus court.

La radio permettra d'évaluer l'importance de la scoliose en mesurant l'angle de Cobb.

  1. Quel est le traitement (très) schématique d’une scoliose ?

·         Angulation < 15-20° : kinésithérapie (éducation posturale, lutte contre les rétractions musculaires, postures de détorsion, amélioration de la musculature du tronc et des racines)

·         Angulation > 15-20° : traitement orthopédique par corset nécessitant un suivi spécialisé. Kinésithérapie associée

·         Angulation > 40-50° : traitement chirurgical

  1. Surveillance d’une scoliose traitée par corset
    • Relève du spécialiste qui a prescrit le corset
    • Attention à la multiplication des radiographies. Ne pas refaire des radios entre les consultations spécialisées
    • Tolérance du corset : point d’appui
    • Observance du traitement
  2. Pas de dispense de sport systématique !!!!

Il n'y a aucune raison de dispenser ces enfants d'activités sportives, bien au contraire! Le sport ne déclenche ni n’aggrave une scoliose !

  1. La cyphose
    • Elle peut être douloureuse (Maladie de Scheuerman ou dystrophie vertébrale de croissance)
    • C’est souvent une cyphose asthénique de l'adolescent : attitude cyphotique en rapport avec  une faiblesse musculaire et la mauvaise tenue rachidienne (courbé, épaules en avant)
    • Ce qui les différencie : la douleur, la radio. La cyphose asthénique n'est jamais douloureuse, la maladie de Scheuermann l'est parfois.

·        La radiographie simple est normale dans l'attitude cyphotique; elle retrouve des anomalies vertébrales dans la maladie de Scheuermann (hernies intraspongieuses, aspect feuilleté des plateaux, déformation trapézoïdale des corps vertébraux).

·        Le risque évolutif ne concerne que la maladie de Scheuermann : déformations vertébrales et cyphose fixée.

·        Le traitement dans la maladie de Scheuermann est utile si la croissance n'est pas terminée : corset anti-cyphose pour éviter les déformations vertébrales ou chirurgie dans les formes sévères.

  1. Quand et à quel rythme examiner le rachis des enfants ?

·        En cas de symptomatologie douloureuse (mais ça ne suffit pas)

·        Avant de rédiger un certificat d’aptitude sportive (mais certains ne sont pas sportifs)

·        Périodes charnières :

q  Après l’acquisition de la marche

q  Début de la puberté (période de forte croissance rachidienne avec risque d’aggravation importante d’une scoliose)

  1. Quand arrêter de traiter et surveiller une scoliose ?
    • Le traitement orthopédique est justifié jusqu’à la fin de la croissance (Risser 4)
    • La scoliose pourra continuer d’évoluer après la fin de la croissance d’autant plus que la courbure sera importante (> 30-35°) mais à un rythme beaucoup plus lent
  2. Quand demander un examen complémentaire ?
    • Devant une gibbosité ou une déformation cyphotique : radiographie simple
    • Bilan d’une lombalgie ou d’une dorsalgie
    • Eviter les scanners ou IRM de débrouillage
    • Surveillance d’une scoliose : radiographies tous les 4 à 6 mois