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Souffrance au travail : RPS harcèlement etc

Souffrance au travail : la reconnaître et qu'y faire ?
Mieux travailler avec le médecin du travail
Dr Justine CHAIGNEAU - Médecin du Travail
Pôle Santé Travail Métropole Nord

A. Souffrance au travail, comment faire avancer les patients?


Une notion essentielle: différencier souffrance et harcèlement


«Souffrance au travail» : «conflit entre soi et une organisation du travail pathogène» pouvant générer des trouble psychique (trouble anxieux, dépressif, …), parfois une situation d’épuisement professionnel (« burn-out »), nécessitant une prise en charge médicale.

C’est le domaine du MÉDECIN.


«Harcèlement» : une cause possible de la souffrance au travail, qui répond à des critères légaux précis, repris dans le Code du Travail en ses Articles L1152-1 et suivants, et dans le Code Pénal en ses Articles 222-33 et 222-33-2, et dont la preuve est à apporter par des éléments factuels et objectifs.

C’est le domaine du JUGE.

Il peut y avoir caractérisation du harcèlement moral en dehors de tout certificat médical attestant d’une altération de la santé du salarié. (Cour Cassation 14 janvier 2014)

Employer le mot «harcèlement» est présumer de faits juridiques avérés : IL NE DOIT JAMAIS ETRE EMPLOYE PAR LE MEDECIN DANS SES ECRITS !


Quelques conseils pratiques devant une situation de souffrance au travail:


Garder une posture juste et responsabiliser le patient

- Si la souffrance est réelle et qu’il faut la reconnaître, la problématique sous-jacente est vécue de manière subjective (vous n’avez qu’un son de cloche!) et il est parfois nocif pour le patient que d’avoir un médecin qui prend position car cela peut l’enfermer dans une certaine lecture de la situation.

- C’est au patient d’être moteur dans sa démarche et de chercher des solutions aux difficultés rencontrées, et au médecin de l’accompagner afin qu’il retrouve des ressources pour faire face. Une posture «de sauveur» du médecin peut maintenir le salarié dans une posture «de victime».


Analyser la situation en restant objectif

- Faire le point sur la situation concrète / faire préciser les plaintes

o Syndrome anxio-dépressif réel ? SSPT-TPST (Syndrome ou Trouble Stress Post-Traumatique)  ? Somatisation?

o Tableau clinique d’épuisement? asthénie, troubles du sommeil, irritabilité

- Ne pas «interpréter» ou tirer des liens de causalité avec le travail : avis du CNOM 2015 : Seul le médecin du travail, par ses missions et son libre accès à l’entreprise, peut établir un lien entre la santé du salarié, son activité professionnelle et son environnement professionnel.


Prendre en charge et Orienter selon son rôle :

- Prescrire les soins, sans oublier la psychothérapie (orientation CMP de secteur ou Dispositif MonSoutienPsy) voire l’orientation vers un psychiatre

- Informer et rassurer : «ces pathologies sont connues, fréquentes, on peut les prendre en charge et on s’en sort»

o https://www.souffrance-et-travail.com

- Evaluer la pertinence de l’arrêt de travail

o Dans un premier temps, il est souvent préférable d’encourager le salarié à faire face: faire le point sur ce qu’il peut changer dans le travail, prendre du recul, mettre en place des activités ressources…

o Si le salarié n’est plus en mesure de faire face (parfois le patient est complètement perdu, présente du déni, de la culpabilité, des symptômes envahissants… ), l’arrêt est parfois nécessaire pour prise de distance, concentration sur les soins, repos et reconstruction

o Une fois l’arrêt initié, c’est la reprise du travail qui sera génératrice de difficultés: la prolongation sera pertinente tant que le patient a besoin de soins et ne dispose pas des ressources nécessaires pour reprendre le travail (le sien ou un autre).


- Informer sur les droits sociaux: possibilité de faire une déclaration AT/MP

o https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/N526

o AT ou MP?

§ Accident du travail en cas de fait soudain déclenchant (ex : altercation, prise à partie devant témoins, convocation à entretien vécu comme humiliant ...)

§ Maladie pro en cas de pathologie instituée avec diagnostic posé ( dépression réactionnelle, troubles anxiodépressifs, troubles anxieux aigus, syndrome de stress post traumatique): attention car la reconnaissance hors tableau nécessite IP>25% et un lien «direct et essentiel» établi en CRRMP (Comité Régional Reconnaissance Maladies Professionnelles) https://www.ameli.fr/assure/droits-demarches/maladie-accident-hospitalisation/maladie-professionnelle/maladie-professionnelle

o Intérêt et inconvénients pour patient :

§ prise en charge de l’arrêt et des soins au titre AT/MP, élément de présomption pour l’avocat en cas de procédure juridique

§ L’employeur sera informé du motif et pourra émettre des réserves, cette déclaration peut générer des conflits, cela complique un éventuel accord amiable ensuite

o Attention à la rédaction du certificat:

§ rester sur le diagnostic médical et ne pas se prononcer sur le lien avec le travail car cela n’est pas un constat médical

o Impact psychologique pour le patient :

§ Prévenir que la reconnaissance n’est qu’administrative et qu’elle est parfois difficile (décision du médecin conseil ou du CRRMP)

§ Différencier au près du salarié l'objectif d' « aller mieux » du souhait de « faire sanctionner » ou « faire reconnaitre le caractère professionnel»: peu importe la reconnaissance administrative de la CPAM, le salarié doit se reconstruire avec ce qui est dans sa marge de manœuvre


- Rédiger les certificats demandés : le patient peut réclamer un certificat pour diverses raisons (notamment pour appuyer une démarche juridique …) mais c’est au médecin de décider ce qu’il certifie.

o Garder en tête ce qui nous appartient en tant que médecin et ce qui va au-delà:

§ le médecin peut toujours attester de ce qu’il a constaté (la souffrance, les symptômes) mais jamais de faits dont il n’a pas été témoin, ni de causes dont il n’a pas à préjuger (lien avec le travail, harcèlement, pressions, chantage...).

§ s’en tenir au médical et, si besoin, évoquer les allégations du patient avec prudence en faisant clairement apparaître qu’il s’agit de déclarations du patient, et non de constatations de sa part: «M. me rapporte que X, me décrit que Y» - c’est lui qui le dit !

o Le certificat est fortement à risque d'être produit en justice et de se retrouver entre les mains de l’employeur et de son avocat qui pourront évoquer une diffamation ou un certificat de complaisance : (1ère cause de plainte devant le conseil de l’ordre …).

- Le juridique est en dehors des compétences médicales :

o Ce n’est pas au médecin de conseiller le salarié dans ses démarches juridiques! Il peut, tout au plus, l’informer:

o Le salarié peut contacter son employeur pour aborder les problématiques rencontrées et demander à ce que des solutions soient apportées

§ un rendez-vous de liaison peut être demandé par le salarié pendant l'arrêt de travail afin de maintenir l'échange et d'anticiper la reprise

o Le salarié peut s’orienter vers les représentants du personnel, l’inspection du travail, les prud’hommes…, un dépliant intéressant à ce sujet (hors région mais transposable) : https://idf.drieets.gouv.fr/sites/idf.drieets.gouv.fr/IMG/pdf/depliant_souffrance_au_w_v5_web.pdf


Prendre le temps des soins et de la réévaluation :

- Ce n’est pas parce que le patient ne se sent pas capable de faire face aujourd’hui, qu’il ne le pourra jamais. Ne pas s’avancer!

- Le temps et les soins permettent de réévaluer à froid, lorsque le salarié aura retrouvé ses ressources et ne sera plus dépassé par l’émotionnel.

- L’anxiété anticipatrice à la reprise est physiologique et quasi systématique, elle doit être reconnue comme telle et le patient doit être encouragé à y faire face. Mais pour cela, l’intervention du médecin du travail peut être nécessaire en permettant d’avoir une perspective d’amélioration des conditions de travail, une projection sur une reprise plus concrète.


Faire le lien avec le médecin du travail

- Le lien santé-travail et l’échange avec l’entreprise est le propre du médecin du travail, car il a la connaissance d’éléments supplémentaires (autres cas dans l’entreprise, contexte organisationnel, managérial et économique, possibilités d’adaptation, de mutation…)

- Cela permet d’évaluer la situation dans l’entreprise (avec accord du salarié), éventuellement de formuler des préconisations pour améliorer la situation et permettre la reprise, orienter vers un psychologue du travail en interne si besoin.

- Le salarié peut TOUJOURS demander à rencontrer son médecin du travail

o Visite à la demande du salarié, si le travail est poursuivi

o Visite de pré-reprise si le patient est en arrêt: possible pour tout arrêt > 30j, le médecin du travail est dans l’obligation de donner suite à la demande du salarié (en général, délai de rdv sous 1 mois)

§ Le médecin traitant peut solliciter la visite de pré-reprise lui-même via un courrier d’adressage mais il faut avoir les coordonnées du médecin du travail, sinon il faut encourager le patient à prendre rdv, voire parfois conditionner la poursuite de l'arrêt à un avis du médecin du travail.

- Un courrier retraçant la symptomatologie et les soins mis en place est très aidant pour le médecin du travail, le salarié devra se présenter avec le maximum d’éléments médicaux dont les éventuels courriers de spécialistes.

- Rassurer le patient

o sur le rôle du médecin du travail qui est de l’accompagner et de respecter le secret médical (parfois peur du médecin de travail, crainte d’absence de confidentialité sur les plaintes de travail rapportées au MdT)

o sur le terme «pré-reprise»: ambigu mais cette visite n’incite pas à la reprise et le médecin du travail ne communiquera avec l’employeur qu’avec accord du salarié.


L’inaptitude : Quoi ? Quand ? Comment ?

· Cf le chapitre suivant : "synergie Médecin traitant – médecin du travail".

· Cette décision n'appartient qu'au médecin du travail lorsqu’il constate l’impossibilité d’aménager le poste pour convenir à l’état de santé et qu’un changement de poste est nécessaire.

o Nécessité pour le médecin du travail de documents médicaux objectifs, et parfois d’un avis spécialisé complémentaire (psychiatre) pour l’aider dans sa décision.

o Cela débouchera sur un reclassement dans l’entreprise (proposition de postes de reclassement conforme aux capacités émises par le médecin du travail, que le salarié peut accepter ou refuser) ou un licenciement, cas le plus fréquent, lorsque le reclassement est impossible pour l’employeur, refusé par le salarié, ou dispensé par le médecin du travail pour raison de santé.

o Un délai de 30 jours court à partir de la décision d’inaptitude, pendant lequel le salarié ne touche plus ni IJ Indemnités Journalières car l'arrêt est interrompu, l'inaptitude se prononçant, sauf cas exceptionnel, lors d'une "visite de reprise") ni salaire (il ne peut pas travailler). Après ce délai l’employeur sera ensuite tenu de reprendre le paiement du salaire si la procédure de licenciement n’est pas terminée.

· Attention à ne pas faire l’avance de cette «solution»!

o Trop de patients sont «bloqués» lorsque cette «solution toute faite» n’est finalement pas retenue par le médecin du travail

o Parfois, certains salariés veulent «instrumentaliser le système» pour partir avec des indemnités grâce à une inaptitude alors qu’ils ont le souhait de quitter l’entreprise et non pas une impossibilité médicale de reprendre leur poste.


En résumé:

Toujours:

· Avoir une posture juste et responsabiliser le patient

· Rester objectif et inciter le patient à en faire de même

· Prendre en charge médicalement et orienter pour le reste

· Evaluer la pertinence d’un l’arrêt de travail

· Prendre le temps des soins et de la réévaluation

· Informer sur la déclaration AT/MP en insistant sur son caractère administratif et non thérapeutique

· Faire le lien avec le médecin du travail, idéalement avec un courrier d’adressage retraçant la symptomatologie et les soins


Ne Jamais:

· S’approprier les allégations du patient comme des faits acquis, notamment lors de la rédaction d’un écrit

· Utiliser le terme de harcèlement : qualification juridique et pas médicale

· Se substituer au patient ou l’infantiliser

· Evoquer l’inaptitude avant le médecin du travail

· S’avancer quant à la capacité de reprise du salarié tant que la prise en charge optimale n’a pas été menée


B. Synergie MT MdT: favoriser le retour et maintien en emploi
Introduction:
Le rôle du médecin du travail est d’abord d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail, mais aussi de préserver un état de santé du travailleur compatible avec son maintien en emploi.
Pour cela, au-delà d’assurer un suivi individuel de santé, il assure un rôle de conseil des intervenants de l’entreprise dans la prévention des risques professionnels.
Ces missions sont régies par le code du travail (Article L4622-2) et portées par une équipe de santé au travail.
Le rôle du médecin du travail est souvent méconnu des salariés et la collaboration entre la médecine de soin et les intervenants de santé au travail manque souvent de fluidité.
Le propos de cette intervention est de contribuer à briser les murs et certains tabous, et à édifier une synergie entre tous les acteurs de santé en ville comme au travail.

Rappel des types de visites :
Le suivi individuel en santé travail est rythmée par différentes « visites » :
· Certaines sont systématiques et obligatoires :

o Embauche et périodique : vérifier la compatibilité de l’état de santé du salarié avec son poste et faire le lien tout au long de la vie active entre la santé et les risques professionnels en s’appuyant sur la traçabilité des expositions professionnelles.

· Certaines sont déclenchées par l’employeur, toujours obligatoires :

o Reprise : permet de savoir si le salarié va pouvoir reprendre le travail au même poste avec ou sans aménagement, et d’évaluer le rôle du travail dans l’altération de la santé.

o A la demande de l’employeur : lorsqu’il constate une problématique de santé au travail, l’employeur peut solliciter l’avis du médecin du travail

· D’autres sont visites facultatives :

o «Pré-reprise»: pendant un arrêt de travail de plus de 30j, pour évaluer la situation de santé du salarié et son impact sur la santé au travail, anticiper les difficultés lors de la reprise du travail et/ou préparer la reprise au travail.

o À la demande du salarié : Tout salarié peut consulter spontanément son médecin du travail s’il fait un lien entre sa santé et son travail.


Comment trouver le nom du médecin du travail de votre patient et le contacter ?
En cas d’altération de la santé, qu’elle soit d’origine professionnelle ou avec des retentissements pros, ou en cas de souffrance au travail, il est pertinent de prendre un contact avec le médecin du travail.
Tout salarié doit avoir accès aux coordonnées de son médecin du travail (obligation de l’entreprise, que le service de santé au travail soit «autonome», interne à l’entreprise, ou «inter-entreprise», une association loi 1901 à laquelle adhère l’entreprise).
Le plus simple est donc de faire transiter les informations (par courriers interposés) via le salarié. C’est efficace, traçable, et permet au salarié de garder la main sur les infos qui transitent (Mais attention à ce que l’on écrit: harcèlement ≠ souffrance, il faut rester dans son rôle de médecin !).
Si un contact direct est nécessaire, l’accord du salarié est nécessaire dans tous les cas et il peut accepter de vous donner les coordonnées du médecin ou du service, ou au moins leur nom (ces éléments sont disponible sur les attestations et courriers remis au salarié après les visites en santé au travail).
Les contacts téléphoniques sont possibles mais soumis aux disponibilités de chacun.Néanmoins, un médecin du travail que nous avez essayé de contacter vous rappellera très certainement si vous laissez vos coordonnées à son assistante.
Les contacts mails seront de plus en plus faciles à l’avenir, l’adresse mail du médecin pouvant apparaitre sur les courriers qu’il émet ou dans les annuaires nationaux (APICRYPT ou MSSanté).

Situation d’arrêts prolongés et lutte contre la désinsertion professionnelle, quelques pistes:
Différents dispositifs permettent au salarié/patient d’être accompagnés sur une reprise du travail suite à un arrêt.
Si théoriquement l’arrêt maladie est au maximum de 3 ans et de durée non limitée en risque professionnel (AT ou MP): il est incontestable que la Sécurité Sociale a tendance à remettre très vite au travail en risque maladie et à rapidement consolider les AT/MP. 
Il est donc indispensable de «préparer la reprise» assez rapidement avec les patients.

La visite de pré-reprise, pendant l’arrêt de travail, doit alors être recommandée au salarié car elle permet de prendre contact avec le médecin du travail, de faire un point sur les capacités du salarié et de prévoir avec l’employeur les aménagements pertinents à envisager sur le poste de travail.

· Cette visite nécessite que le salarié fournisse au médecin du travail l’ensemble des éléments médicaux récents qui permettront d’évaluer la compatibilité de l’état de santé avec le poste de travail. Le médecin du travail ne peut se prononcer sur les seuls dires du patient. Il a besoin d’un dossier complet, documenté avec des avis spécialisés précis qui éventuellement se prononcent sur les capacités physiques (port de charges, types de mouvements par un rhumato/rééducateur fonctionnel/traumatologue, avis psychiatrique, suivis de psychologues…).

· Il faut la demander en général 2-3 semaines avant la date reprise envisagée, afin de tenir compte et du délai d’obtention du rdv avec le médecin du travail puis du temps nécessaire avec l’employeur pour organiser les modalités d’aménagement.

· Le médecin du travail pourra alors transmettre des propositions d’aménagement du poste à l’employeur(restrictions sur certaines tâches type port de charges de plus de X kg, gestes répétitifs sollicitant le coude, l’épaule… / modifications des tâches, de l’organisation ou de l’environnement de travail type environnement calme favorisant le maintien de l’attention) mais ces aménagements devront être possibles pour l’employeur et ne pas générer un besoin de changement de poste, sinon on tombe dans le registre de l’inaptitude au poste. (cf plus bas)

Le temps-partiel thérapeutique (TPT), prescrit/prolongé par le médecin traitant sur un CERFA d’arrêt et organisé avec l’employeur par le médecin du travail, est une bonne mesure temporaire en vue d’une reprise à temps-plein (en général 1 an mais peut être interrompu plus tôt par la CPAM et parfois prolongé au-delà).

· La quotité de travail (50%, 60%, 80%...) et l’organisation (demi-journées, journées complètes) sera définie par le médecin du travail, une augmentation progressive peut-être organisée. On parle de TPT car la quotité varie et non plus de "Mi-temps thérapeutique" !

· L’accord de l’employeur est nécessaire, il convient d’en échanger avec sa hiérarchie au préalable à la reprise. Cependant l'employeur ne peut le refuser que de façon argumentée et circonstanciée, prouvant une réelle impossibilité de TPT sur le poste/emploi concerné.

· Peut-être débuté d’emblée sans arrêt de travail préalable et sans carence

En AT/MP, le pendant du temps-partiel thérapeutique est la Reprise d’un Travail Léger (utiliser le CERFA S6909 : AT/MP) qui n’est limitée en durée que par la consolidation.

À la fin du TPT, si la reprise à temps-plein n’est pas possible, une bascule en invalidité peut-être sollicitée par le patient avec l'appui/aide du médecin traitant auprès du Service Médical de la CPAM. Elle permet l’attribution d’une pension qui compensera la perte de revenus due à une réduction du temps de travail. Elle n’empêche pas une reprise à temps-plein à terme si des améliorations de santé le permettent.
Le médecin du travail peut également encourager cette démarche en donnant son avis par écrit ou en sollicitant le passage du dossier dans les instances de coordination que les Services de Santé entretiennent avec la CPAM.

La Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé peut être un réel levier dans le maintien au poste ou la reconversion professionnelle. Il est important de démystifier et savoir considérer la RQTH.

· Dès qu’une situation de santé induisant des difficultés au travail est détectée, il est intéressant d’évoquer cette reconnaissance avec les salariés. C’est une démarche qui n’engage à rien et qui appartient à la vie privée du salarié: aucun impact tant qu’il n’a pas décidé de faire valoir ce statut, mais bien utile en cas d’aggravation qui nécessite des adaptations sans attendre le délai du montage de dossier et du traitement par la MDPH. Anticiper, c’est la clef!

· Ce statut permet d’accéder aux dispositifs de maintien au poste et de reconversion professionnelle proposés par CAP EMPLOI, avec des financements spécifiques (AGEFIPH), même pour les demandeurs d’emploi.

· Ce statut permet aussi une réglementation spécifique dans l’entreprise, incitant l’employeur au maintien en emploi.

· Le fait d’être reconnu RQTH ne doit pas avoir pas d’impact sur les emprunts etc: c’est le pb de santé qui est évalué, pas sa reconnaissance sociale.

· Un certificat médical est à remplir par le médecin traitant (on le trouve sur les sites internet des MDPH comme sur https://mdph.lenord.fr/site/dac_51725/telecharger-un-formulaire) - tout n’est pas à remplir, mais il faut les éléments déterminants pour que la commission puisse se faire une idée sur dossier. Le reste du dossier est assez copieux donc un accompagnement social (Service Social CARSAT au 3646, dire «service social») ou une orientation vers le service de santé au travail (qui propose souvent cet accompagnement) est toujours le bienvenu.

o Dans le 59, la MDPH demande également un certificat médical de liaison par le médecin du travail.


Le médecin du travail peut évoquer un risque d’inaptitude au poste lorsqu’il constate l’impossibilité d’aménager le poste pour convenir à l’état de santé et qu’un changement de poste est nécessaire.

· Le médecin du travail ne peut prononcer une inaptitude au poste qu'après avoir procédé à des échanges préalables réglementaires avec l’employeur et avoir étudié le poste du salarié. Cette décision débouchera sur un reclassement dans l’entreprise ou un licenciement (cas le plus fréquent).

· Cette décision ne peut être prise qu’en dehors de l’arrêt de travail, en général lors de la visite de reprise, mais elle doit donc être préparée au préalable (souvent pendant l’arrêt).

· Afin de prévenir la désinsertion professionnelle, cette décision n’est prise qu’en dernier recours (attention, ce n’est pas «un moyen de sortir de l’entreprise»), le médecin du travail encouragera donc le salarié à tout mettre en place pendant l’arrêt pour être prêt à rebondir après cette éventuelle inaptitude (bilan de compétence, reconversion professionnelle, accompagnement social).


Sur le plan sécurité sociale, le médecin-conseil est parfois un bon allié pour favoriser la reprise lorsque la prolongation de l’arrêt semble inutile et n’est plus nécessaire pour des soins actifs.
Cela permet de rester objectif et de mettre une distance protectrice, parfois difficile pour le médecin traitant en raison du lien affectif avec son patient.

L’important est alors de rendre le patient acteur de son parcours et de l’orienter pour démarrer des démarches pour la RQTH, la visite de pré-reprise, la recherche d’un autre travail en cas de situation conflictuelle sans espoir de retour…. Sinon, il arrive que rien ne soit possible lors de la remise au travail imposée par la CPAM.


Complément à l'intervention, reçu le 18/11/24 :

Sur la souffrance au travail :

 

Informations générales :