La lutte contre le VIH en 2019
Dr. T. Huleux
16 mars 2019
Place du médecin généraliste dans la lutte contre le VIH en 2019
Est-il possible d’en finir avec l’épidémie de SIDA/VIH au cours de la prochaine décennie? C’est l’objectif que se sont fixés l’OMS et l’ONU pour 2030 ! En France, plus de 6000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Pour endiguer cette épidémie, cela nécessite de coordonner avec les médecins généralistes quatre axes :
1 renforcer et rendre le dépistage plus efficace :
- la majorité des dépistages sont prescrits par les médecins généralistes et la France se situe au premier rang en nombre de tests réalisés; pourtant 20 à 25000 personnes sur les 150000 vivants avec le VIH ignorent toujours leur séropositivité. Le dépistage doit être ciblé : au moins une fois pour tous mais à répéter en cas de prise de risque et recommandé tous les 3 mois dans la population HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes). Y penser aussi devant certaines circonstances cliniques courantes en médecine générale pour ne pas manquer ces opportunités de dépistage :thrombopénie, dysplasie cervicale, certains cancers, mycoses récidivantes, zona…
- d’autres tests de dépistage sont à disposition: les TRODou test rapide à orientation diagnostique qui ont l’avantage d’être réalisés également en dehors des structures de soins par des personnes formées et non obligatoirement soignantes et les auto testsVIH disponibles en pharmacie
2 accès au traitement universel pour deux raisons :
- la première en terme de bénéfice individuel: une personne dépistée tôt et traitée tôt peut avoir la même espérance de vie qu’une personne non infectée
- la seconde en terme de bénéfice collectif:un patient traité avec une charge virale VIH indétectable n’est plus contaminante!
3 rester séronégatif :
- le préservatifreste toujours d’actualité; certains sont désormais pris en charge en partie par la sécurité sociale mais d’autres mesures existent!
- la prophylaxie post-exposition ou TPE: accessible 24h/24 dans les services référents et des urgences, une trithérapie d’urgence peut être délivrée le plus rapidement possible et jusque 48h après le risque durant 28 jours pour diminuer le risque d’acquisition du VIH
- la PreP ou prophylaxie pré (et post) expositionest une stratégie qui consiste à délivrer une bithérapie antirétrovirale (ténofovir/emtricitabine) avant et après un rapport potentiellement contaminant sans préservatif qui diminue efficacement le risque de contamination par le VIH. Il s’agit d’une stratégie globale de prise en charge dont le suivi peut être réalisé voire initié en médecine générale, en lien avec les structures référentes et les CeGIDD (Centre Gratuit d’information, de Dépistage et Diagnostic des IST)
4 Zéro discrimination : c’est le dernier axe nécessaire pour arriver à nos objectifs pour 2030: Vivre avec le VIH ne doit plus être un sujet tabou que ce soit dans le soin ou dans la société. Plus largement, le médecin généraliste est un atout majeur pour favoriser la santé sexuelle de ses patients !
Le médecin généraliste est et reste donc un acteur important à impliquer dans la coordination de ces 4 axes pour en finir avec l’épidémie de SIDA/VIH