Interpréter une électrophorèse des protéines
L’électrophorèse des protéines donne le reflet de l’ensemble des protéines
sériques. Son principe repose sur la charge électrique des protéines permettant
ainsi de séparer en différentes fractions l’ensemble de ces protéines sériques.
Le résultat est exprimé par une courbe avec cinq pics : albumine, alpha 1
globulines, alpha 2 globulines, bétaglobulines et gammaglobulines. L’estimation
de ces pics est exprimée en pourcentage, et la concentration de chaque fraction
est calculée en fonction de la protidémie totale systématiquement dosée en
parallèle.
La fraction albumine est la seule fraction
composée d’une seule protéine.
La fraction alpha 1 contient essentiellement l’alpha 1 anti-trypsine et
l’orosomucoïde. Une diminution de cette fraction alpha 1 est en faveur d’un
déficit génétique en alpha 1 anti-trypsine.
La fraction alpha 2 est composée essentiellement de l’apha 2 macroglobuline
et de l’haptoglobine.
Dans les contextes inflammatoires aigus, ces deux fractions alpha 1 et
alpha 2 sont augmentées en raison de l’élévation des protéines de
l’inflammation, et notamment de l’orosomucoïde et de l’haptoglobine. La
fraction béta peut être séparée en deux sous fractions : la fraction béta
1 contient principalement la transferrine, la fraction béta 2 renferme les
fractions du complément et les IgA. Une diminution de cette fraction béta 2
peut être en faveur d’une consommation du complément, son augmentation avec
aspect de bloc béta-gamma, une conséquence de l’augmentation des IgA s’observe
dans la cirrhose hépatique d'origine commune.
La fraction gamma correspond aux différentes immunoglobulines IgG, IgM, IgA
ainsi que D et E. Une hypogammaglobulinémie peut être liée à un déficit de
l’immunité humorale, ou à une déperdition protéique comme dans le syndrome
néphrotique ou les entéropathies exsudatives. Une hypogammaglobulinémie peut
être également la conséquence de la présence d’une cryoglobulinémie.
Les hypergammaglobulinémies peuvent être polyclonales ou monoclonales.
L’hypergammaglobulinémie polyclonale s’observe dans les pathologies
hépatiques qu’elles soient d’origine virale, auto-immune, ou toxique, dans les
maladies auto-immunes notamment systémiques, et dans les infections chroniques
bactériennes ou parasitaires.
Les gammapathies monoclonales correspondent à la production en grande
quantité d’une protéine normale par un clone cellulaire. Elle
nécessite pour être confirmée la pratique d’une immuno-fixation qui permettra
d’identifier la classe d’immunoglobulines concernées.
Ces hypergammaglobulinémies monoclonales peuvent êtres liées à une
dysglobulinémie monoclonale de signification indéterminée, ou être la
conséquence d’une hémopathie lymphoïde : myélome, maladie de Waldenström,
leucémie lymphoïde chronique, lymphome non hogdkinien … Différents cas
cliniques seront présentés pour illustrer ces diverses situations.
*Service de Médecine Interne, centre national de références Maladies
Rares : maladies systémiques auto-immunes, Hôpital Claude Huriez, CHRU
LILLE