Diabète de type 2, réévaluation des stratégies thérapeutiques
DIABETE DE TYPE 2, REEVALUATION DES STRATEGIES
THERAPEUTIQUES
Savoir
adapter les objectifs et les traitements en fonction des profils des patients
Dr Rémy
LEROY- 71 rue de la Louvière- 59000 LILLE
cabinetglls@yahoo.fr
1-
NON AUX
PROPOS INSENSES
La prévention des complications du DT2
exige une prise en charge de l’ensemble
des facteurs de risque et pas seulement de l’hyperglycémie MAIS la recherche d’un contrôle
glycémique optimisé, adapté est INCONTOURNABLE
2-
L’HEMOGLOBINE
GLYCOSYLEE
Elle reste le critère de substitution le plus acceptable pour la
survenue des complications
micro-vasculaires du diabète mais pas pour
celle des complications macro-vasculaires. La valeur d’Hémoglobine glycosylée est
donc le paramètre utilisé actuellement pour guider le traitement.
L’objectif d’HbA1 est individualisable et
évolutif.
·
Cible habituelle : ≤ 7%
·
≤ 6,5 % : patient à la découverte du diabète,
espérance de vie > 15 ans, pas de fragilité cardio-vasculaire (et pas
de nécessité d’utilisation traitement à risque d’hypoglycémies)
Patiente diabétique connue enceinte ou envisageant de l’être
·
≤ 8% : patient avec co morbidité, à
espérance de vie <5 ans, patient avec maladie cardio-vasculaire évoluée
(cardiopathie ischémique, autres
atteintes artérielles avérées,
insuffisance cardiaque), patient présentant une insuffisance rénale sévère,
personne âgée fragile, enfin patient pour lequel une cible ≤ 7% ne peut être obtenue sans
hypoglycémies sévères lors de l’intensification du traitement
·
≤ 9% : personne âgée « dépendante et/ou à la santé très
altérée »
3-
NON A
L’INERTIE, NON A L’EMPILEMENT DES TRAITEMENTS
En fonction de l’objectif retenu le
résultat doit être évalué tous les 3 à 6 mois au maximum. Toute molécule qui n’amène
pas une amélioration d’au moins 0.5% d’HbA1c doit être interrompue.
4-
LA
METFORMINE EN MONOTHERAPIE
Si les changements d’hygiène de vie sont
d’action insuffisante, la Metformine reste la molécule à proposer initialement en monothérapie
Elle peut être maintenue même au stade de
l’insulinothérapie à l’inverse des autres traitements dont le maintien doit
être discuté
En cas de contre-indication ou
d’intolérance digestive avérée à la metformine, on proposera un iDPP4 (non
remboursé en France en monothérapie) ou un inhibiteur de l’alpha-glucosidase
(IAG) qui ont pour avantage de ne pas induire d’hypoglycémies ni de prise de
poids ; un sulfamide ou le répaglinide, à faibles doses pour commencer,
peuvent aussi être proposés, mais sont, pour leur part, associés à un risque
d’hypoglycémie et de prise de poids
5-
LA BITHERAPIE (sans insuline)
Peut se discuter initialement si l’HBA1c
est > 9% (bithérapie)
L’association
Metformine +iDPP4 est la bithérapie préférentielle (absence
d’hypoglycémie, neutralité pondérale, sécurité cardiovasculaire, « combos »
avec la Metformine)
L’association Metformine + GLP-1 RA est
envisageable si l’IMC est ≥ 30 kg/m2
et/ou en prévention cardiovasculaire secondaire (liraglutide dans ce cas)
L’association Metformine + Sulfamide expose
à une prise de poids et à la survenue d’Hypoglycémies. Elle impose la
réalisation d’une autosurveillance glycémique ce qui gomme en partie son
intérêt de molécule à faible coût. Elle peut être discutée chez le sujet
diabétique de poids normal et à faible risque d’hypoglycémies.
Un gain d’HbA1c < 0.5%, la survenue
d’effets indésirables amènent à stopper la molécule choisie initialement en
association à la Metfomine.
En cas d’échec Metformine + IDPP4 on peut
choisir l’arrêt de l’IDPP4 et remplacer par une association Met + GLP-1RA ou
Metformine + Sulfamide (alors mêmes précautions que celles évoquées plus
haut) : on reste en bithérapie
De
façon semblable ou en cas d’hypoglycémies répétées ou sévères avec le sulfamide
avec l’association Metformine + Sulfamide, une bithérapie alternative
metformine + iDPP4
pourra également être envisagée
Dans le cas particulier d’une réponse
thérapeutique insuffisante 3 ou 6 mois après initiation du GLP-1 RA une
bithérapie metformine + sulfamide pourra également être envisagée, mais aucune
étude n’a démontré l’efficacité de cette alternative
6-
LA
TRITHERAPIE (sans insuline)
On peut choisir ensuite la trithérapie
Metformine + IDPP4 + Sulfamide notamment chez le patient qui ne veut pas de
traitement injectable quand l’association Metformine + IDPP4 a été choisie en bithérapie ou quand l’association
Metformine + Sulfamide a été choisie en bithérapie
Une trithérapie possible est l’association
Metformine + GLP-1 RA + sulfamide quand
l’association Metformine + GLP-1RA a été choisie en bithérapie initialement ou
en remplacement à l’association Metformine + IDPP4
7- L’INSULINOTHERAPIE
Elle peut être utilisée dès la découverte
du diabète lorsqu’il y a des signes de gravité avec une hyperglycémie
importante (HBA1>10%). Elle pourra être transitoire avec ensuite discussion
de la mise en place de traitements oraux.
Elle pourra se discuter ensuite lors de
l’échappement
·
A l’association Metformine + IDPP4, Metformine +
Sulfamide, Metformine + GLP-1R : maintien de la Metformine mais
toujours discussion du maintien des IDPP4, des insulinosécréteurs, du
GL1-R : maintien non systématique et si maintien doses adaptées
·
A la trithérapie : mêmes
considérations : maintien de la Metformine, discussion des autres
traitements
Ce n’est pas la
NPH qui sera choisie compte tenu du risque d’hypoglycémies mais une insuline basale
le plus souvent la Glargine U 100, sachant que la Détemir ou la Glargine U300
ont des caractéristiques qui peuvent les rendent utiles et pertinentes dans certaines situations.
L’initiation se fait selon les modalités habituelles en
essayant d’autonomiser le patient
8-
CERTAINES
SITUATIONS PARTICULIERES NECESSITERONT DES CONDUITES THERAPEUTIQUES
SPECIFIQUES :
·
Sujet âgé de plus de 75 ans
·
Patient
obèse avec IMC ≥35
·
Patient présentant une insuffisance rénale
chronique
·
Patient en prévention cardiovasculaire
secondaire
·
Patient présentant une insuffisance cardiaque
·
Femme enceinte ou envisageant de l’être
9-
LE RECOURS
AU DIABETOLOGUE EST BIENVENU EN CAS DE DIFFICULTES
Finalement ces quelques points importants caractérisent une conduite
thérapeutique ne s’appuyant pas que sur des considérations économiques mais s’appuyant
également sur les connaissances scientifiques à ce jour établies.
Le choix de la stratégie thérapeutique, pour être le plus adapté, intègre les caractéristiques de chaque classe
thérapeutique (tableau ci-dessous).
Mais ce choix doit également être un CHOIX PARTAGE par le patient.
C’est ainsi qu’il peut être compris et accepté, c’est ainsi qu’il sera
rediscuté régulièrement au cours de cette maladie chronique.
(Ce texte s’inspire de la:
Prise de
position de la Société Francophone du Diabète (SFD) sur la prise en charge
médicamenteuse de l’hyperglycémie du
patient diabétique de type 2
disponible en PDF sur le site de la SFD et dans la
revue : Médecine des Maladies Métaboliques Volume 11,2017)
Ci-dessous : Outil d’aide à la décision dans le
traitement du DT2.