Problématiques du 3ème trimestre grossesse
Urgences et
problématiques
du troisième
trimestre de la grossesse
Dr Emmanuel ARDIET – gynécologue-obstétricien à
Lesquin et Lille
Les hémorragies peuvent être parfaitement bénignes ou témoigner d’un
processus gravissime mettant en jeu le pronostic vital fœtal ou maternel
(rupture utérine, hématome rétro placentaire). L’orientation diagnostique se
fait grâce à l’examen obstétrical classique (palper utérin, pression
artérielle, protéinurie, bruits du cœur fœtaux, toucher vaginal prudent, examen
au spéculum le cas échéant). La conduite à tenir varie suivant la cause de
l’hémorragie. La plupart du temps, une visite à la maternité s’impose !
La pré
éclampsie associe HTA ≥ 140/90mmHg (c’est surtout la diastolique ≥90 mm
Hg qui compte +++) et protéinurie ≥ 0.3 g/l [NB :
les œdèmes ne font plus partie de la définition]. Pas de panique jusqu’à 0.5 g/l, il ne se passe
généralement rien ! En cas de doute sur la pression artérielle, rapprocher
la surveillance 1x/semaine (SF à domicile par exemple)
Il s’agit d’une réaction progressive de
l’organisme à une insuffisance
placentaire. Elle peut s’associer à un RCIU (d’où nécessité de surveillance
fœtale en parallèle).
Pas de bilan biologique d’emblée, en particulier l’uricémie n’a pas
d’intérêt. Le HELLP syndrome complique parfois la pré éclampsie. Savoir reconnaître les signes précurseurs de
complication (éclampsie et HELLP) : signes neurosensoriels, œdèmes (visage
surtout), embarras gastrique/douleur épigastrique (HELLP)
La menace d’accouchement prématuré associe des contractions utérines douloureuses toutes les 10
minutes avec modifications du col utérin (col < 25 mm en échographie). Les
traitements ambulatoires sont inutiles. A l’hôpital seulement 40% des MAP vont
réellement accoucher. On sait alors retarder l’accouchement de 24 h souvent,
48h parfois, 7 jours tout au plus (inhibiteurs calciques = ADALATE). Surtout,
on prescrit une cure de CELESTENE 12 mg (3 ampoules de 4 mg à renouveler 24 h
plus tard) si elle n’a pas déjà été réalisée (deux cures au maximum entre 24 et
34 SA)
La cholestase gravidique
est l’association d’un prurit généralisé féroce et de l’élévation
isolée des TGO/TGP (2 à 10xN). Dans des cas exceptionnels, les acides biliaires
(N<9mg/l) peuvent être toxiques pour le fœtus (au-delà de
40mg/l). Le traitement consiste à prescrire l’acide
ursodésoxycholique 10 à 15 mg/kg/j (URSOLVAN cp à 200 mg ou DELURSAN cp à
250mg) + ATARAX 25 x3 cp/j. A 37 SA, on convient de déclencher l’accouchement.
La prévention de l’allo-immunisation Rhésus est proposée systématiquement aux patientes Rh- au 3e trimestre, car elle permet
de faire diminuer le risque d’allo-immunisation de 2 % à 0.3 % (recommandation du
Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, 2005). Elle a lieu
à 28 SA et consiste en l’administration de 300 µg de RHOPHYLAC, IM. On dispose maintenant de la détermination du statut Rhésus fœtal par
prise de sang maternelle (possibilité de demander cet examen dès 15 SA,
pris en charge par l’AM) pour proposer cet examen aux seules patientes
concernées.
Les traumatismes du 3e trimestre ne sont pas
rares. Les complications graves sont : l’hématome
rétro placentaire, l’hémorragie fœto-maternelle, les anomalies du rythme
cardiaque fœtal, la mort in utero. Ces complications sont exceptionnelles en cas de
chute, moins rares en cas de traumatisme externe (coups, accident de
voiture). Ne pas oublier la prévention Rhésus pour
les patientes concernées. Penser au test de Kleihauer (recherche d’hématies fœtales
parmi les hématies maternelles, intérêt pour la surveillance clinique mais
aussi médico-légal). A la maternité seront proposés : une échographie de
réassurance avec mesure de la vitesse à l’artère cérébrale moyenne (recherche
d’anémie) et un enregistrement du rythme cardiaque fœtal, une cure de Célestène
éventuellement.