Troubles mictionnels chez l'homme.
Troubles mictionnels chez
l’homme :
Du diagnostic au traitement
De
la phytothérapie au laser.
Dr
C.Ballereau
Les symptômes
du bas appareil urinaire (SBAU) sont
essentiellement liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate ou HBP.
Histologiquement,
l’HBP est définie par une hyperplasie stromale (fibro-musculaire) et
épithéliale (glandulaire) de la zone de transition et péri-urétrale de la
prostate.
La définition clinique de
l’HBP :
-L’«HBP clinique» correspond à
l’intrication de plusieurs composantes: une obstruction sous-vésicale, une
augmentation de volume de la prostate et des SBAU. La relation entre ces trois
composantes est complexe.
-Certains
patients peuvent avoir une augmentation du volume de la prostate sans SBAU ni
obstruction sous-vésicale
-Tous
les SBAU ne sont pas liés à une HBP.
-L’obstruction
sous-vésicale liée à l’HBP peut être asymptomatique.
L’obstruction
sous-vésicale peut avoir d’autres causes que l’HBP.
-Tous
les SBAU ne sont pas gênants pour le patient.
-Enfin,
une des conséquences de l’obstruction sous-vésicale est la survenue d’une hyperactivité́
vésicale, pouvant elle même persister après levée de l’obstruction.
On parle d’«
HBP clinique » chez les hommes ayant des SBAU gênants et chez lesquels il
existe des arguments cliniques et para cliniques permettant de les relier à
une HBP.
La définition de l’« HBP compliquée » :
-Lorsque
l’HBP est responsable d’infections urinaires à répétition.
-Rétention
aiguë d’urine,
-Un
calcul
-Un
diverticule de la vessie.
-Une
hydronéphrose ou d’une insuffisance rénale obstructive.
-Une
incontinence par regorgement
-Une
hématurie récidivante.
Classification des symptômes du bas appareil
urinaire (SBAU) de l’homme :
Symptômes de la phase mictionnelle
Faiblesse du
jet : perception par le patient d’une diminution de la force du jet urinaire
pendant la miction
Jet en arrosoir
Jet haché : miction
interrompue à une ou plusieurs reprises
Jet hésitant : retard à l’initiation de la miction Miction par poussée : jet
urinaire obtenu avec une poussée abdominale concomitante
Gouttes
terminales, miction traînante : achèvement progressif et lent de la miction
qui se termine par un écoulement en goutte à goutte
Symptômes de la phase post-mictionnelle
Sensation de
vidange vésicale incomplète : impression subjective que la vessie ne s’est
pas totalement vidée après la miction
Gouttes retardataires : perte involontaire d’urine survenant immédiatement
après la miction, le plus souvent en quittant les toilettes
Symptômes de la phase de remplissage
Pollakiurie
diurne : augmentation de la fréquence mictionnelle pendant la journée
Nycturie : besoin d’uriner réveillant le patient Urgenturie : désir soudain,
impérieux et fréquemment irrépressible d’uriner
Incontinence
urinaire : fuite involontaire d’urine
Hyperactivité
vésicale : SBAU de la phase de remplissage
-Neurologique
-Pathologie vésicale (tumeur, infection, calcul, radique. . .)
-Obstruction
sous-vésicale (HBP, sténose urétrale)
-Idiopathique
-Vieillissement vésical
Hypoactivité́
vésicale
-Neurologique
-Vieillissement vésical
-Vessie claquée post-rétention aiguë
-Iatrogène (médicaments à action anticholinergique)
Obstruction
sous-vésicale
-Prostate
(HBP, cancer avancé)
-Sphincter
hypertonique Urètre (sténose, traumatisme)
Mécanismes
et étiologies de la nycturie chez l’homme.
Polyurie
nocturne :
-Syndrome
d’apnées du sommeil
-Syndrome
œdémateux
-Hypertension
artérielle
-
Insuffisance cardiaque
Polyurie sur 24
heures :
-Potomanie
Diabète
-Diminution
de la capacité́ vésicale nocturne
-Causes
similaires à l’hyperactivité vésicale
Trouble du
sommeil
Bilan initial et suivi des SBAU de l’homme :
Bilan de première
intention :
-L’interrogatoire.
-
L’examen physique comprenant un toucher rectal.
-L’examen
d’urine par bandelette urinaire ou examen cytobactériologique
L’interrogatoire
doit explorer les différents types de SBAU (phases mictionnelle, de
remplissage et post-mictionnelle), en s’appuyant éventuellement sur un score
type IPSS (International Prostate Symptom Score).
Il
est admis que les SBAU et les traitements de l’HBP ont un impact sur la
sexualité ce qui justifie une évaluation de la fonction sexuelle dans ce
bilan initial.
Le toucher rectal étant jugé
indispensable lors du bilan initial, si le praticien n’en a pas l’habitude, un
avis spécialisé est justifié.
Le
PSA, la créatinémie et l’échographie de l’appareil urinaire sont des options.
Traitement des SBAU liés à une HBP
Surveillance sans traitement :
Une surveillance sans traitement est préconisée pour les patients
présentant des SBAU en rapport avec une HBP non compliquée et responsable d’une
gêne peu importante.
Des explications claires sur l’HBP, son caractère bénin, son faible
risque de complication et le rythme de la surveillance doivent être données au
patient car elles permettent une amélioration significative des SBAU .
La surveillance des patients peut être assortie de conseils
hygiéno-diététiques bien que leur impact sur l’évolution de la pathologie soit
modéré.
Traitement
médical :
-Alpha-bloquant :
-Les alpha-bloquants ont fait l’objet de
nombreuses études randomisées qui ont permis d’établir leur efficacité́ mais également
leur profil de tolérance (niveau de preuve
1).
-efficacité́ des alpha-bloquants sur les SBAU en
rap- port avec une HBP est rapide, significative et stable sur une période de
plusieurs années
-Chez les patients ayant présenté une rétention
aiguë d’urine, ils permettent d’améliorer les chances de sevrage de la sonde
-Inhibiteurs de la 5 alpha réductase :
-Les inhibiteurs de la 5alpha réductase
(finastéride et dutastéride) semblent être la seule classe thérapeutique
permettant d’obtenir une réduction du volume de la prostate, une diminution du
risque de progression clinique et de rétention aiguë d’urine.
-Ils entrainent une diminution de 50% de la
valeur du PSA total sérique.
-Effets indésirables sexuels.
Association alpha-bloquant et inhibiteur de la
5 alpha réductase
L’association
d’un alpha-bloquant et d’un inhibiteur de la 5alpha réductase est plus
efficace à long terme sur la symptomatologie urinaire que chacune des
monothérapies, mais les effets indésirables se cumulent
Extraits de plante
Les effets des
extraits de plante sur les SBAU sont modestes mais significatifs et ils ont un
excellent profil de tolérance qui les rend faciles d’utilisation.
L’association
de la phytothérapie avec un autre traitement n’a pas montré de bénéfice et
n’est donc pas préconisée.
Anticholinergique
Plusieurs études
randomisées ont confirmé que l’association d’un alpha-bloquant et d’un
anticholinergique permettait d’améliorer les SBAU de la phase de remplissage
en rapport avec une HBP
Le risque de
dysurie est accru.
Nécessite un
avis spécialisé avant prescription.
Inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5
Les différents inhibiteurs de la
phosphodiestérase de type 5ont tous fait l’objet d’études randomisées pour le
traitement des SBAU a priori en rapport avec une HBP. Leur efficacité sur les
SBAU est supérieure au placebo. Le tadalafil 5 mg en prise quotidienne a une
autorisation de mise sur le marché dans le traitement de l’HBP mais n’est pas
remboursé par l’assurance maladie.
Le
traitement chirurgical
Un traitement
chirurgical peut être proposé en seconde intention aux patients ayant des
SBAU liés à une HBP gênants et pour lesquels le traitement médical bien
conduit est soit insuffisamment efficace, soit mal toléré.
L’information
et l’acceptation du patient sont un préalable à la décision.
La chirurgie
est préconisée d’emblée en cas de SBAU liés à une HBP responsable d’une
insuffisance rénale obstructive, d’une rétention aiguë d’urine avec échec
de sevrage de drainage vésical, d’une lithiase vésicale, ou d’une
incontinence urinaire par regorgement.
Un premier
épisode de rétention aiguë d’urine avec sevrage de sonde, d’hématurie ou
d’infection urinaire en lien avec l’HBP ne constitue pas une indication
chirurgicale formelle.
Des signes
morphologiques de vessie de lutte ou la présence d’un résidu post-mictionnel
non compliqué ne constituent pas à eux seuls des indications chirurgicales.
Synthèse traitements médicamenteux :
Traitements
chirurgicaux :
-Radio-fréquence (TUNA / PROSTIVA)
-Efficacité
temporaire et résultats aléatoires selon les études.
-Patient
avec traitement médicamenteux efficace mais ne souhaite plus de traitement
quotidien.
-Résection trans-urétrale de prostate
(RTUP)
-Gold-standard
-4 à 5
jours d’hospitalisation.
-Saignements
/ Risque transfusionnel / TURP syndrome
-RTU laser :
-Résultats
équivalent à la RTUP.
-Photovaporisation
par Greenlight (80 % d’ambulatoire)
-Enucléation
endoscopique (GreenLep ou HOLEP)
-Adénomectomie voie haute :
- > 80
cc.
-Hospitalisation
8 jours.
-Risque
transfusionnel et complications infectieuses (Abcès de paroi)
-Sera
remplacé à terme par l’énucléation endoscopique.