Dépistage visuel et auditif chez l'enfant
Dépistage visuel et auditif chez l'enfant
Les outils, les étapes
LE DEPISTAGE AUDITIF
1.
Quelques
repères
Les degrés de surdité
La surdité peut être légère, moyenne, sévère ou
profonde.
Les seuils sont obtenus par un examen appelé
audiogramme tonal.
• Déficience auditive légère :
la perte tonale moyenne est comprise entre 21 et 40 dB. La parole est perçue à
voix normale, elle est difficilement perçue à voix basse ou lointaine. La
plupart des bruits familiers sont perçus.
• Déficience auditive moyenne :
la perte tonale moyenne est comprise entre 41 et 70 dB. La parole est perçue si
on élève la voix. Le sujet comprend mieux en regardant les mouvements labiaux
du locuteur. Il existe une gêne selon le bruit et l’éloignement de la source
sonore.
• Déficience auditive
sévère : la perte tonale moyenne est comprise entre 71
et 90 dB. La parole est perçue à voix forte près de l’oreille. Les bruits forts
sont perçus.
• Déficience auditive
profonde : la perte tonale moyenne est comprise
entre 91 et 100 (premier degré), entre 101 et 110 dB (deuxième degré), entre
111 et 119 dB (troisième degré). Aucune perception de la parole. Seuls les
bruits graves très puissants sont perçus. Ils sont rarement identifiés.
. Déficience auditive totale ou cophose :
la perte moyenne est de 120 dB. Rien n’est perçu.
2.
Pourquoi
dépister ?
Prévalence des surdités
sévères ou profondes : (1 à 1,5/1000 nait sourd et 1/1000 deviendra sourd dans
les 4 premières années).
½ environnementale, ½
génétique.
Le retentissement du
handicap dépend de la profondeur de la surdité et du retard diagnostique
Prise en charge précoce
possible (appareillage dès 4 mois).
3.
Facteurs
de risque de surdité congénitale
a) Facteurs de risque familiaux
> Antécédents familiaux
de surdité
> Prothèse auditive avant
50 ans
b) Facteurs personnels naissance ou
période néonatale
> Poids de naissance
<1500g
> Prématurité surtout
< 32 SA et/ou complication cérébrale de la prématurité.
> Malformation de la tête
et du cou
> Troubles neurologiques
d’origine centrale
> Hyperbilirubinémie
ayant nécessité exanguino-transfusion
> Infection grave et
possible traitement ototoxique (aminosides)
> Infection fœtale
(TORSCH)
> Exposition alcool tabac
toxiques
c) Facteurs personnels hors période
néonatale
> Infection grave
(méningite purrulente)
> Traumatisme du rocher
> Otites à répétition
4.
Quand
dépister ?
À la maternité :
oto-émissions , potentiels évoqués , tests subjectifs
Surveillance régulière au
cours de la croissance : 4, 9 et 24 mois
Toujours faire confiance aux
parents : 70 % des diagnostics suite à l’observation familiale
5.
Signes
d’appel
a) Dans les premiers mois
Absence de réaction aux
bruits et à l’inverse réaction trop vive aux vibrations ou au toucher
Sommeil trop calme
Réflexe de clignement au
bruit (dès 2ème jour)
Réflexe de Moro à un bruit
fort (+ à 2 semaines)
b) De 3 à 12 mois
Sons émis non mélodiques
Disparition du babillage
Absence de réaction à
l’appel de son nom
c) De 12 à 24 mois
12 mois : apparition des
premiers mots simples (12 à 18 mois)
16 mois dit papa, maman
24 mois possède 50 mots,
fait des phrases
Absence de mots
Communication exclusivement
gestuelle de désignation
Enfant inattentif à ce qui
est en dehors de son champ visuel
Emissions vocales
incontrôlées
d) Après 24 mois
Retard de parole et de
langage
Troubles du comportement
(agressif, renfermé)
Difficultés d’apprentissage
Régression, détérioration de
la parole articulée
Enfant qui fait répéter,
distrait, parle fort, augmente le son de la télévision
6.
Comment
dépister ?
Examen ORL : bouchon de
cérumen, otite séromuqueuse (fig.1)
Tests de dépistage auditifs
… en fait très peu de matériel à disposition !
Fig.1 : otite séreuse
a) Boîtes de Moatti
4 boîtes de fréquences
différentes (étendue du champ nécessaire à la compréhension de la parole)
Bruit calibré de 60 dB à 2 m
Jouet sonore agité hors du
champ de vision (réaction : détournement de la tête ou déviation des yeux vers
la source sonore)
Ne dépiste pas une surdité
unilatérale
Prix : environ 90 euros
b) Sensory Baby Test
L'émission
des sons, grâce aux deux boîtiers, est effectuée à droite et à gauche à une
distance de 30 cm de l'oreille.
Il
est nécessaire de placer les boîtiers hors de la vue de l'enfant car il ne faut
jamais oublier que l'enfant déficient auditif « entend » avec ses yeux.
L'orientation de la tête et du regard vers la source sonore permet d'apprécier
les réponses auditives du bébé à un seuil supérieur à 20 dB.
En
cas de perte auditive, supérieure à 20/30 dB, de transmission (rétention
importante au niveau de l'oreille moyenne) ou de perception, le nourrisson ne
s'orientera pas ou seulement de façon inconstante et aléatoire vers la source
sonore.
Coût : malette complète environ
326 € (sans test de Lang II)
c) Audiométrie de dépistage à 4
fréquences (500, 1000, 2000, 4000 Hz)
Bien acceptée à partir de 4
ans et ½
Avec un appareil à casque
Examen approfondi si déficit
> à 25 dB
Prix : environ de 650 à 1000
euros
d) Les tests à la voix nue :
A
24 mois : prénom et mots familiers : l’examinateur placé à 40 cm de l’oreille
de l’enfant, hors de la vue appelle l’enfant par son prénom en chuchotant, sans vibration laryngée
en cachant ses lèvres. En cas de non réponse, un nouvel essai est réalisé en
élevant la voix : voix normale (60 dB) puis voix forte
A
36 mois : On peut utiliser un imagier et demander, en chuchotant à l’enfant de montrer le poisson, le
canard, etc. en veillant à ce que l’enfant ne puisse s’aider de la lecture
labiale. Il faut s’assurer, avant de commencer le test, que l’enfant connait
les images proposées même s’il ne peut encore en prononcer correctement le
nom.
Voix
chuchotée à 5 m = 30 dB
À
chaque fois que l’on diminue de moitié la distance on gagne 6 dB (2 m 50 = 36
dB, 1 m 25 = 42 dB), intéressant pour suivre une otite séreuse.
LE DEPISTAGE VISUEL CHEZ L’ENFANT
1-
Justification
du dépistage
Il est justifié de dépister les troubles visuels de l'enfant afin de prévenir l'amblyopie car :
les facteurs amblyogènes sont pour la plupart accessibles à un traitement reconnu efficace
L'amblyopie une fois constituée n'est réversible sous traitement que pendant une période déterminée, dite période sensible, cependant l'amblyopie est susceptible d'apparaître jusqu'à la fin de la maturation du système visuel, soit jusqu'à 6 - 7 ans)
La prévalence des principaux facteurs amblyogènes chez l'enfant de moins de 6 ans, estimée à partir des données des autres pays développés il n'a pas été identifié d'études méthodologiquement acceptables en France, varie de 3 à 9 % pour le strabisme et de 1,4 à 20 % pour les troubles de la réfraction, selon le trouble de la réfraction considéré. L'amblyopie est le plus souvent liée à un trouble de la réfraction ou à un strabisme. L'anisométropie et le strabisme, isolés ou associés, sont les facteurs les plus amblyogènes.
La prévalence de l'amblyopie en France chez l'enfant de moins de 6 ans, évaluée sur des études de qualité discutable, varie de 0,48/1 000 pour les amblyopies définies par une acuité visuelle inférieure ou égale à 4/10èmes à 14,5 % pour les amblyopies définies par toute diminution de l'acuité visuelle.
Compte tenu de la prévalence des facteurs amblyogènes et de la nécessité d'identifier une amblyopie quand elle est encore réversible, la connaissance des situations à risque d'apparition d'un trouble visuel et des signes d'appel d'une anomalie la vision chez l'enfant est recommandée à tous les professionnels de santé de la petite enfance.
2-
Quand
adresser systématiquement ?
Ø Grossesse, accouchement pathologique (2% des naissances)
Ø Exposition in utéro à des toxiques (alcool, tabac, drogues)
Ø Affections congénitales ou génétiques (1% des naissances : anomalies chromosomiques, TORSCH)
Ø Pathologies neurologiques
Ø Malformations craniofaciales
TORSCH : Toxoplasmose-Oreillons-Rubéole-Syphilis-Cmv-Herpès
NB : infections durant la grossesse pouvant également donner une surdité.
Ø Prématurité (7% des naissances
1.Prématurité modérée (32-36 SA et PDN > 1500 g) : risque augmenté de strabisme (15-20% vs 3% des NN à terme) d’amétropie d’hypermétropie (> 3,5 D, 31% vs 14% des NN à terme)
2.Grande prématurité (< 32 SA et PDN < 1500 g) : ROP, myopie, blocage du développement normal du segment antérieur (augmentation de la courbure cornéenne, aplatissement de la chambre antérieure, sphéricité exagérée du cristallin)
ROP = rétinopathie du prématuré
La rétinopathie du prématuré est définie comme un développement vasculaire prolifératif anormal de la rétine chez les enfants prématurés qui ont une vascularisation incomplète de la rétine
Ø Antécédents familiaux sensitivo-moteurs (15 à 20 % des naissances)
1.Amblyopie (10 % des naissances)
2.Strabisme (10 à 15 % des naissances)
3.Forte amétropie (anomalie de la réfraction oculaire : myopie, hypermétropie, astigmatisme)
3-
Quand
et comment examiner ?
Examiner à chaque examen systématique
Aspect, taille et symétrie des globes et annexes
Aspect de la pupille
a) Savoir
reconnaître un strabisme
COVER TEST
Il s’agit de mettre en évidence la déviation d’un œil : on fait fixer à l’enfant un objet en attirant sa vision de près. On cache alternativement et rapidement les deux yeux. Entre deux mouvements on observe le mouvement de l’œil qui n’est pas couvert
REFLET PUPILLAIRE
On projette une lumière sur le front de l’enfant afin de ne pas l’éblouir et on observe ensuite les reflets dans les pupilles.
LUNETTES à SECTEUR
On observe la symétrie des yeux dans les fentes palpébrales par rapport aux caches que l’on sait symétriques. Permettent 2 tests, d’une part, les secteurs doivent arriver au bord de l’iris donc en cas de strabisme, soit une partie du blanc de l’œil ne sera pas masquée (strabisme divergent) soit une partie de l’iris sera masquée (strabisme convergent). D’autre part on peut dépister une amblyopie en présentant à l’enfant à droite et à gauche, en cas d’amblyopie d’un œil, l’enfant tournera la tête vers l’objet afin de le fixer avec son œil sain, c’est le signe de la toupie.
Il arrive que les yeux d’un enfant paraissent trop rapprochés, mais ils sont symétriques, l’impression étant due à la base trop plate du nez du nourrisson (épicanthus)
Strabisme convergent OG
Strabisme divergent OG
TEST DU CRAYON
Test fait pour les enfants plus grands : il détecte les strabismes non par une mise en évidence de la déviation mais par une de leurs conséquences qui est la suppression de la vision binoculaire.
L’examinateur tient un crayon verticalement à 40 cm. Le patient tient un crayon semblable et doit faire coïncider le sien avec celui de l’examinateur. Si l’enfant ne peut pas aligner les deux crayons, il n’a pas de vision du relief (ses deux yeux ne fonctionnent pas ensemble.
TEST DE LANG
Test stéréoscopique à points aléatoires. L’enfant ne perçoit les formes que si il a une vision stéréoscopique, ces formes se détachent alors du fond
Test de LANG I : étoile chat et voiture vus que si l’enfant a une vision stéréoscopique.
Test de LANG II : l’étoile est toujours perçue, la lune, l’éléphant et la voiture ne sont vus que si l’enfant a une vision stéréoscopique.
Tests se pratiquant sans lunettes, par rapport à d’autres tests avec respect de la distance de l’examen : 40 cm
b) Savoir
dépister une amblyopie
TEST DU CACHE
L’examinateur cache tour à tour chacun des yeux (test jumelé avec le test de l’écran). Si l’enfant tolère que l’on cache l’un des yeux alors qu’il le refuse sur l’autre, c’est qu’il y a amblyopie ( seul un œil lui permet de voir correctement, l’autre est déficient.)
TEST DE LA TOUPIE
Test couplé au test de dépistage du strabisme lors de l’utilisation des lunettes à secteur nasal.
EXAMEN DU REFLET PUPILLAIRE
Comparaison du reflet rouge/orangé du fond d’œil.
En cas de strabisme, le reflet du fond d’œil de l’œil fixateur est plus sombre (car le centre rétinien est plus pigmenté) que celui de l’œil dévié dont le reflet lumineux provient de la périphérie rétinienne.
Soit utilisation d’une lumière (ophtalmoscope) soit photo sans utiliser le système « anti yeux rouges »
Permet également la recherche de leucocories
LES ECHELLES VISUELLES
DAVL (désignation ou appariement) à 2 m ou PIGASSOU à 2 m 50 à partir de 3 ans : résultat attendu 6 à 7 / 10 (test du verre à +2DS si voit trop bien)
SNELLEN à partir de 4 ans : résultat attendu 10/10 (peut aller jusque 14/10)
SNELLEN ou MONOYER à partir de 6 ans : résultat attendu 10/10 (peut aller jusque 18/10)
c) Dépister
une anomalie de la vision des couleurs
BABYDALTON
ISHIARA (possible à partir de 3 ans sur suivi des chemins, sur chiffres dès l’acquisition de ceux ci)
Chaque planche est constituée d’une mosaïque de points de couleurs différentes. Les couleurs utilisées sont situées sur des axes de confusion colorée prédéterminées pour mettre en évidence une dyschromatopsie donnée
http://www.oberson.org/ishihara
http://daltonien.free.fr/daltonien/article.php3?id_article=6