Prescriptions en imagerie
Indications sur cas cliniques fréquents
Dr Jean-François BUDZIK
Radiologue –
Imagerie musculo-squelettique
Groupement des Hôpitaux de l’Institut
Catholique de Lille
Maître de
Conférences à la Faculté de Médecine et de Maïeutique
Au
cours du colloque, nous allons aborder trois situations communes. Cette fiche
en résume les points clefs.
L’épaule douloureuse
Cette
situation recouvre de nombreuses entités et est donc assez complexe.
Lorsqu’une
exploration par imagerie est requise, retenons :
1.
Que le couple radiographie standard ET échographie constitue une excellente
base de travail (exploration articulaire / tendineuse / bursale). L’échographie
seule méconnaîtra allégrement une arthropathie (dégénérative ou
microcristalline) comme une résorption d’apatite … ou une tumeur osseuse.
2.
Que l’arthroscanner est un examen réservé :
- au bilan des épaules instables (post
luxation+++)
- au bilan pré-chirurgical des lésions de la
coiffe ; il doit donc être prescrit à l’initiative du chirurgien
orthopédiste pour cette indication.
Rappelons
que l’arthroscanner est irradiant (++), et invasif exposant ainsi aux risques
septique et allergique. Il n’explore par ailleurs que l’articulation
gléno-humérale, le tendon long chef du biceps et le versant articulaire des
tendons de la coiffe des rotateurs.
3.
Que l’IRM est un examen assez complet, apportant comme information supplémentaire
l’analyse des corps musculaires péri-scapulaires. Cet examen pourra être
prescrit pour l’exploration de la coiffe (mais bien plus cher que
l’échographie !!), pour la recherche de pathologie nerveuse
(essentiellement conflits nerveux et Parsonage-Turner), et dans les suspicions
de capsulite rétractile.
La pathologie lombaire
Lorsqu’une
exploration par imagerie est requise, retenons :
1.
Que le bilan radiographique standard doit être réalisé en première intention.
Son apport IRREMPLAÇABLE est l’exploration du rachis en charge. Pour cette
raison, la réalisation d’un cliché pelvi-lombo-sacré de face en charge (dit
« incidence de De Seze ») est fondamentale. Elle apprécie également
la bascule pelvienne : la réalisation d’une incidence de bassin de face
serait donc redondante.
2.
Que lorsqu’une imagerie en coupes est nécessaire … le choix entre le scanner et
l’IRM est difficile.
De
manière schématique (et empirique), disons que l’IRM doit être privilégiée chez
le sujet jeune (pas d’irradiation, problématique plus nette –en général-, et
capacité à tenir la position).
Le
scanner reste un très bon examen chez le sujet plus âgé : plus rapide,
meilleure évaluation des remaniements arthrosiques complexes, et irradiation
moins problématique.
Le
scanner offre une excellente visualisation des os, donc est mieux adapté à
l’appréciation des remaniements arthrosiques.
En
IRM, les contrastes tissulaires (disque/LCR) sont excellents. Seul cet examen
peut apprécier la dégénérescence discale et les remaniements inflammatoires
osseux.
Pour
l’un comme pour l’autre, l’injection est a priori inutile.
3.
Que si des drapeaux rouges sont présentes (cancer/infection), l’IRM est le seul
examen à prescrire. L’injection de produit de contraste sera alors nécessaire.
La pathologie cérébrale
Lorsqu’une
exploration par imagerie est requise, retenons :
1.
Que le scanner n’a plus en théorie sa place en pathologie cérébrale que dans
les traumatismes crâniens et quelques indications ésotériques.
2.
Qu’une céphalée brutale s’explore par scanner cérébral.
3.
Qu’un déficit focal brutal s’explore par IRM en extrême urgence.
4.
Qu’une céphalée rapidement progressive s’explore par IRM, à défaut par un
scanner.
5.
Qu’un vertige s’explore par IRM de fosse postérieure.
Cadeau BONUS : le genou
Un
point flash : lors d’une prescription de radiographies standard pour
gonalgie non traumatique :
-
il ne faut pas oublier l’incidence de Schuss (une radiographie de face standard
ne permet pas d’explorer correctement les interlignes articulaires)
-
le défilé fémoro-patellaire doit être réalisé à 30 degrés