Insulinothérapie par les médecins traitants
LA PROBLEMATIQUE
1. Définir un objectif d’Hb Ac en fonction du patient
2. Se donner les moyens de s’en approcher
1a) définir un objectif adapté à chaque patient selon des critères médicaux et sociaux
Les recommandations 2013 (tableaux 1,2,3) sont consensuelles
1b) se donner les moyens de s’en approcher
Des recommandations … à la pratique
· Les Recommandations 2013
o L’instauration d’une insulinothérapie est l’objet d’une discussion avec le patient (et/ou de son entourage), dans le cadre de l’éducation thérapeutique.
o Elle doit être accompagnée et idéalement précédée d’une autosurveillance glycémique, et faire l’objet d’un apprentissage.
o L’intérêt de maintenir les antidiabétiques non insuliniques doit être évalué en fonction des bénéfices attendus pour chacune des molécules :
§ la metformine sera poursuivie ;
§ la posologie du sulfamide hypoglycémiant ou du répaglinide sera adaptée si besoin en fonction du schéma insulinique ;
§ les inhibiteurs de la DPP-4 et les inhibiteurs de l’alpha-glucosidase seront arrêtés ;
§ l’association insuline + analogues du GLP-1 relève d’un avis spécialisé.
o L’instauration d’une insulinothérapie nécessite :
§ la définition d’objectifs glycémiques clairs,
§ la réalisation d’une autosurveillance glycémique,
§ l’adaptation des doses d’insuline, afin d’atteindre les objectifs glycémiques,
§ la connaissance des moyens de prévenir, et de corriger les hypoglycémies et la réalisation adéquate de l’injection d’insuline.
o Le choix d’un schéma d’insulinothérapie dépend de plusieurs paramètres, tels que :
§ le choix du patient : le patient accepte-t-il le traitement ?
§ les objectifs glycémiques et la capacité du patient à les atteindre ;
§ l’autonomie du patient : peut-il gérer son traitement ?
§ les profils glycémiques : y a-t-il une hyperglycémie à jeun isolée ?
§ le mode de vie du patient : le type d’alimentation (horaires des repas et teneur glucidique).
o Lors de la mise en place de l’insulinothérapie, il est recommandé, en adjonction à une monothérapie ou à une bithérapie, de débuter :
§ de préférence par une insuline intermédiaire (NPH) au coucher ;
§ ou par une insuline analogue lente si le risque d’hypoglycémie nocturne est préoccupant.
L’instauration d’une insulinothérapie à domicile dépendra donc de l’expertise du soignant à transmettre au patient ou à la personne qui prendra en charge ce traitement, les connaissances nécessaires à un bon usage de ce dernier
· Le rôle du pharmacien précisé
Lors de la présentation de la première ordonnance avec insuline :
1. Engager le dialogue avec le patient et lui proposer une discussion dans un espace de confidentialité
2. Demander quels sont les points d’incompréhension : utilité du traitement, utilisation du stylo, …
3. Présenter le matériel et le tester avec le patient
4. L’inviter à revenir s’il a la moindre interrogation
5. Rassurer le patient
En étant clair et pédagogique En donnant un seul message à la fois
LA PRATIQUE
1. Etat des lieux
• ENTRED 2007/2010 ; 20% des DT2 ont une Hb A1c > 8%
Il faut différencier inertie et objectifs plus souples ;56% des DT2 ont un traitement correspondant aux objectifs de l’HAS
· DIAttitude : 18% de patients déséquilibrés, on ne note que
1. 39% de renforcement thérapeutique après 6 mois de déséquilibre.
2. 59% de renforcement thérapeutique après 12 mois de déséquilibre.
3. 5% de passage à l’insuline.
2. Les freins au passage à l’insuline
· Le médecin
1. Manque de temps pour éducation (tableaux 4 et 5)
2. Manque d’expertise. (Tableau 6)
3. Réticences du patient parfois supposées.
4. Prise de poids.
5. Risque d’hypoglycémies.
6. Peur des médecins face au geste qu’ils n’accepteraient que difficilement pour eux.
« Le praticien doit clairement faire la distinction entre une démarche empathique et ce qui serait une "identification émotionnelle »Pr REACH
Tableau 4 Les freins les plus importants à la démarche éducative (ENTRED)
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Tableau 5
· Le patient
1. Vécue comme l’étape ultime de leur vie de diabétique, le témoin d’un tournant majeur dans la gravité de la maladie.
2. Peur de la dépendance.
3. Expérience familiale douloureuse.
4. L’insuline a longtemps été brandie comme une menace en cas de mauvaise observance difficile den faire ensuite un outil thérapeutique classique.
5. Prendre garde de présenter, pour les rendre acceptables, les analogues GLP1 :cet « injectable » comme un traitement alternatif à l'insuline dénué des risques de celle-ci (hypoglycémies, prise de poids, dépendance), anticipant une fois encore croyances et vécu du patient et faisant de nouveau de l'insuline le « méchant » traitement final
Mais les patients se sentent près à gérer leurs traitements ( tableau 7)
Tableau 7 Résultats ENTRED 2010 Vous sentez-vous capable en général, seul ou avec l’aide de votre entourage, de gérer la prise de vos médicaments (comprimés pour le diabète et/ou insuline)
3. Mise en place d’une insulinothérapie
A. Quelle Hb A1c de départ? Quel Objectif?
Tableau 8 Contribution des glycémies à jeun et post prandiales dans le déséquilibre glycémique
Tableau 9 Relation entre Hb A1c et moyenne glycémique
B. La consultation
· La consultation d’information ( pré requis autosurveillance glycémique appropriée )
· Si possible parler de l’insuline comme moyen thérapeutique dès le début de la prise en charge.
· Lorsque le passage à l’insuline est envisagé, en parler avec le patient, dédramatiser ,lui remettre ,si possible, des documents ou lui montrer du matériel en particulier les aiguilles.
· L’inviter à une nouvelle consultation pour la mise en place avec des automesures 4/j pendant 3 j.
· Si le patient refuse catégoriquement lui demander ses raisons, ses craintes lui donner vos arguments …attendre.
· La consultation de mise en place
a) Quel type d’insuline ?
§ Si L’Hb A1c est > 8% il est probable que la glycémie à jeun soit élevée : 2 choix
§ NPH pour suivre les recommandations
§ Analogue long en cas de crainte des hypos
Tableau 10 Durées d’action des insulinesb) Quelle heure ?
A. Le patient va-t-il faire son injection seul?
B. A-t-il besoin d’une infirmière pour l’éduquer à se piquer ?
C. Nécessite-t-il une infirmière de façon définitive ?
Dans la mesure du possible l’injection se fera en Bed Time. Sinon vers 18H
c) L’injection
Ø Quelle aiguille ?
Sous cutanée stricte , la cinétique de l’insuline est modifiée en cas d’IM
• Commencer systématiquement avec une 4 ou 5mm jusque 40 U
• Piquer droit ; en cas de maigreur extrême ou de lipoatrophie faire un pli large mais sans prendre le muscle
• Ne pas faire de cupule
•
Une
injection : une aiguille !!
Ø Zones d’injection
vitesse d’absorption de l’insuline : ventre> bras> cuisse et fesses
Þ donc préférer les cuisses: à une main de l’aine et du genou : éviter l’intérieur de la cuisse
Þ fesses partie supérieure
Þ dans le bras plus difficile d’accès attention à l’injection dans le deltoïde
Þ Ventre : une main de l’ombilic
Ø Rotation des sites
Conseiller plusieurs injections dans le même site en divisant par quartier ce dernier ( grilles )
Attention aux lipodystrophies
Ø Les stylos
o les stylos dans le bac à légumes du réfrigérateur.
o le stylo entamé à température ambiante à l’abri de la lumière ( durée d’utilisation : 1 mois après ouverture )
o Purger le stylo ( 8 U ) .
o En cas de NPH remettre en suspension l’insuline et le solvant
o Compter 8 à 10 secondes avant de retirer le stylo
o Retirer l’aiguille dès utilisation.
o Penser au collecteur !
Ø Quelle dose ?
o Dose de mise en place environ 0.2 U /kg de poids
o titration indispensable : sur la glycémie à jeun
§ Une augmentation de 2 en 2 tous les 3 jours risque de lasser un patient qui ne voit pas de résultat tangible
§ moyenne des 3 dernières GAJ:
· >1.80 g/l : augmenter de 6 U
· entre 1.40 et 1.80 g/l : augmenter de 4 U
· entre 1.10 et 1.40 g/l : augmenter de 2U
· < 0.9 ou 1 gr selon l’objectif : diminuer de 2U
§ Réitérer au bout d’une semaine
Ø Quid des ADO ?
o La METFORMINE est maintenue à dose efficace ( tolérée) : 2000 mg /j sauf mauvaise tolérance ( le STAGID ne contient que 280 mg de METFORMINE /cp versus 780 mg pour un cp de METFORMINE 1000
o les sulfamides ou le REPAGLINIDE : La posologie pourra être adaptée sur les post prandiales en tenant compte du risque d’hypoglycémies s
· Le suivi
o Revoir le patient avec un carnet annoté .
o Vérifier la titration , discuter avec le patient .
o Analyser le ressenti : diminution rapide de l’asthénie , douleur ?
o Vérifier la rotation des sites.
o Palper ou pincer régulièrement les zones d’injection et montrer au patient comment rechercher une lipodystrophie
· A 3 mois, nouvelle Hb A1c loin de l’objectif
o Quelle dose d’insuline? Si > 0.5U /kg soit insulinorésistance majeure soit mauvaise observance soit il faut revoir le TTT
o Y a-t-il des hypoglycémies ?( on peut faire des hypos et avoir une Hb A1c élevée )
o Refaire une autosurveillance avec les 3 post prandiales+ GA jeun, celle de 17H est intéressante si suspicion d’hypoglycémies car elle est bien corrélée à celle de 3H
Ø L’observance
Etude GAPP 2 ( analogue lent +ADO)
• 10% des patients oublient leur injection et souvent plusieurs fois par mois.
• 21% la décalent de plus de 2 heures.
• 14% sous dosent.
=>Crainte de l’hypoglycémie: diminution des doses en cas de sorties pour vivre normalement
Etude DIALOG sur les hypoglycémies
• Étude prospective et rétrospective sur 30 jours
Þ Prospective : 43% des DT2 ont fait des hypo confirmées et 6% des hypos sévères
Þ Facteurs prédictifs :
Antécédents d’hypoglycémies ( x3)
Durée de l’insulinothérapie > 10 ans
IMC bas
intensification du TTT doses d’insulines élevées
CONCLUSIONS