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Le développement psychomoteur du nourrisson

Le développement psychomoteur du nourrisson : quand s’inquiéter ?


Docteur Hubert Ythier Service de Pédiatrie-Enfants et adolescents Centre Hospitalier de Roubaix    hubert.ythier@ch-roubaix.fr


Formathon  21-22 mars 2015


Le développement psychomoteur de l’enfant de 0 à 3 ans nécessite l’intégration fine des étapes de développement moteur et sensoriel et du développement psychointellectuel.

Le développement psychomoteur du nourrisson passe par des étapes successives pour aboutir au terme des trois premières années de vie à l’autonomie de la marche, au contrôle sphinctérien, au développement du langage et des relations sociales. Des particularités rencontrées chez certains enfants peuvent surprendre voire inquiéter l’entourage familial et le médecin : s’agit-il de simples variantes du développement ou d’anomalies révélatrices d’une maladie ?


Repérer ces anomalies au cours des premières années de vie repose sur un examen systématisé de l’enfant qui comporte trois étapes obligatoires : écouter, regarder, toucher (selon Lion François et Desportes).


Ecouter les parents permet de préciser les antécédents familiaux (conditions de la grossesse, consanguinité, retard mental, environnement sociofamilial) et personnels (accouchement, pathologie néonatale, mensurations de l’enfant), la chronologie du développement et le comportement de l’enfant (alimentation, sommeil, « caractère »), d’établir les courbes de croissance (périmètre crânien).


Regarder l’enfant  dans son activité spontanée permet d’évaluer la motricité, la symétrie et le tonus, les interactions avec les parents et le médecin.


Toucher l’enfant, allongé avant 6 mois ou dans les bras des parents après, permet de préciser à chaque âge le développement moteur (tonus, coordination), les fonctions sensorielles (au moindre doute, examen ORL et ophtalmologique spécialisé), le langage et la communication. L’examen de l’enfant doit être complet : malformations, peau, dysmorphie, anomalies génitales, mensurations. L’examen neurologique du petit nourrisson avant un an est difficile et peu spécifique, nécessitant parfois un avis spécialisé.


L’échelle simplifiée de Gesell permet de comparer le niveau de développement de la motricité, la cognition, le langage, la personnalité et le développement social. Le caractère harmonieux ou dysharmonieux de ce développement doit être évalué.




Cet enfant a-t-il un développement normal ou présente-t-il un retard ? Quatre situations illustrant les atteintes neurologiques centrales ou périphériques, les retards dits « simples » du développement et les troubles envahissants du développement (spectre autistique) seront discutées.


Atteinte neurologique centrale ou périphérique : importance des antécédents familiaux, anténataux et périnataux


Atteinte centrale

Atteinte périphérique

Hypotonie axiale prédominante

Hypotonie axiale et périphérique

Force correcte

Faiblesse musculaire

ROT vifs

ROT diminués ou absents

Dysmorphie

PC normal

Anomalie du PC

Hypotrophie musculaire

Troubles oculomoteurs

Difficultés alimentaires

Anomalie globale du développement

Développement cognitif normal











Retard simple du développement

Variante du développement normal, favorisée par un contexte familial peu stimulant.


Trouble envahissant du développement

Le diagnostic précoce des troubles autistiques est difficile mais il est facilité par l’observation de l’enfant dans son interaction avec ses parents et par l’utilisation du questionnaire  CHAT (Checklist for Autism in Toddlers).          Trois principales difficultés peuvent être repérées : difficulté à établir une relation avec l’autre, difficulté à communiquer par le langage et par d’autres moyens, difficulté à utiliser les jeux habituels des enfants de cet âge remplacés par des activités répétitives.  « Dès la première année, l’inquiétude des parents relative au développement de leur enfant, l’absence ou la rareté du contact par le regard, le sourire ou de l’orientation à l’appel du prénom, sont des signes d’alerte. »HAS 2010

L’orientation et la prise en charge de ces enfants par les différents professionnels  et les différentes structures (neuropédiatre, CAMSP, CMP) sera évoquée.



Références :

Lion François L., Desportes V. Les grandes étapes du développement psychomoteur entre 0 et 3 ans. Rev Prat 2004  54 : 1991-7.

 Ponsot G., Sacco S., Mancini J. Développement du système nerveux et motricité : apports de l’examen neurologique in Neurologie pédiatrique. Ed. Médecine Sciences Flammarion, Paris 2010, 41-47.

Vallée L. Maturation cérébrale : étapes clés/ concepxs clés Réalités pédiatriques 2014  187(Juin-Sepxembre) : 6-11.

Vasseur R., Delion P. Périodes sensibles dans le développement psychomoteur de l’enfant de 0 à 3 ans. Erès 2010  disponible en téléchargement