Le prurit anal et autres petits problèmes de proctologie
Docteur Jean-François CLAERBOUT
LE PRURIT ANAL
L’un des 5 signes en proctologie avec la douleur, le saignement, le suintement et la tuméfaction, le prurit est le symptôme proctologique le plus fréquent : il touche 15 % de la population, près de 4 fois plus d’hommes que de femmes.
Facile à reconnaître par ses lésions de grattage : ulcérations, excoriations, lichénifications, il nécessite une conduite de recherche étiologique pragmatique.
On distingue des causes dermatologiques, gynécologiques et proctologiques dont la fréquence ne dépasse pas 50%. Une fois sur deux, un prurit anal n’aura donc pas de cause évidente.
L’origine cutanée peut être bactérienne, le plus souvent streptococcique (érythème péri anal à bords nets). Deux causes virales fréquentes : la condylomatose péri anale à papillomavirus (à traiter par électrocoagulation ou par Aldara®), et l’herpès dont les vésicules ont un aspect et un traitement classiques. Les candidoses péri anales provoquent un érythème à bords émiettés, et se propagent en périnéal tel un intertrigo. La dermite eczématiforme suintante requiert une désinfection et une corticothérapie locales.
D’autres pathologies cutanées à localisation anale plus rare peuvent être évoquées : psoriasis, tumeurs cutanées (Bowen, Paget), pemphigus…
Des leucorrhées à trichomonas ou à candida peuvent favoriser la survenue d’un prurit anal, de même qu’une incontinence urinaire. Il est également plus fréquent, sans pathologie évidente, au cours de la grossesse ou après la ménopause.
Quatre lésions proctologiques élémentaires peuvent générer un prurit :
- une suppuration : fistule anale ou localisation de Crohn
- une ulcération : fissure chronique peu douloureuse
- une tuméfaction : condylomes, marisques, mais aussi cancer
épidermoïde
- un suintement lié à un prolapsus anal ou rectal ou des troubles de la
continence
Mais dans 50 % des cas, aucune cause ne s’imposera : « prurit essentiel »
Il s’agit alors de rechercher des facteurs généraux (diabète), psychogènes (hypocondrie, cancérophobie), et surtout des facteurs d’irritation locale : parasites, alimentaires, médicamenteux ou cosmétiques, vestimentaires ou simplement des troubles du transit et une hygiène imparfaite.
Conseils hygiéno-diététiques :
- corriger le transit
- aliments : bière, alcool, chocolat, épices, thé, café ??
- supprimer l’automédication: pommades, corps gras, suppos, crèmes..
- vêtements amples, en coton
- se couper les ongles
- jamais de pommade : lait ou crème
- toilette biquotidienne, et après chaque exonération
- produits non irritants: savon de Marseille : discutable
pains dermatologiques
antiseptiques à pH neutre: Cytéal®, Saforelle® ou Saforil®, Dermhydralin®
- nettoyer à la main, en écartant les plis
- bien rincer
- lait de toilette (bébé) après chaque selle ou lingettes humides
- séchage doux, serviette coton
Traitement de la dermite péri anale
- arrêter les traitements antérieurs :
rompre le cercle vicieux prurit - grattage
- solution aqueuse éosine 2 % ou fluorescéine 2%
- dermocorticoïde faiblement dosé : niveau IV
LES HEMORROIDES
4 stades : 4 traitements