Les antidiabétiques oraux : actualités en 2008
Docteur Jean Pierre CAPPOEN
Le diabète sucré connaît une croissance importante, aussi bien dans le monde occidental que dans les pays émergents (Chine, Inde…) devenant ainsi un problème de santé publique, majeur pour tous les systèmes de santé.
La sédentarité croissante, la progression de l’obésité, (dans le Nord-Pas-de-Calais, la proportion d’enfants obèses a doublé en 10 ans) mais également le vieillissement de la population contribuent à cette véritable « épidémie ».
Les mesures thérapeutiques les plus simples : augmentation de l’activité physique, et modération des apports alimentaires sont efficaces (étude DPP), mais sont très difficiles à mettre en œuvre à long terme.
Les antidiabétiques oraux sont utilisés depuis longtemps, les sulfamides hypoglycémiants d’abord, puis les biguanides ont été pendant de nombreuses années les deux seules classes thérapeutiques à notre disposition.
Plus récemment, les glinides, et les inhibiteurs de l’alpha glucosidase sont venus étoffer notre palette thérapeutique, sans pour autant révolutionner le traitement.
L’arrivée des Glitazones (Rosiglitazone, [Avandia®] et Pioglitazone, [Actos®]) a été une avancée majeure par un mode d’action innovant, venant activer une nouvelle classe de récepteurs : les PPAR γ ( Peroxyzome Proliferator Activator Receptor). Le mécanisme d’action complexe entraîne d’importantes modifications au niveau du tissu adipeux qui suscite une augmentation de l’adiponectine à l’origine d’une réduction drastique de l’insulinorésistance. Il en résulte une franche amélioration des valeurs glycémiques.
Malheureusement, l’utilisation de cette classe thérapeutique s’accompagne toujours d’une prise de poids et parfois d’une rétention sodée. Au cours de l’année 2007, une méta-analyse réalisée par NISSEN & Coll a suscité la polémique. Reprenant de nombreuses études publiées sur la rosiglitazone, cette méta-analyse semblerait montrer une augmentation de la fréquence des accidents coronariens, mais une étude menée en Angleterre par Holman et coll., sur cette même molécule, ne confirme pas les résultats de cette méta-analyse. Par contre, l’augmentation de fréquence de l’insuffisance cardiaque congestive est retrouvée pour les deux glitazones, sans doute liée à l’effet rétentioniste sodé de cette classe thérapeutique.
Le Rimonabant (Acomplia® Lab SANOFI) commercialisé en 2007 inaugure un nouveau concept : les inhibiteurs du système endocannabinoide. Ils sont susceptibles d’entraîner un amaigrissement, et une amélioration des constantes métaboliques au cours du diabète sucré. Leur utilisation est actuellement focalisée sur la population des diabétiques non équilibrés par une monothérapie (biguanide ou sulfamide) et accompagnés d’une surcharge pondérale (BMI < 27). Les premiers résultats sont prometteurs, mais il est encore un peu tôt pour juger des résultats à long terme.
L’année 2008 va voir surgir sur le marché des antidiabétiques oraux plusieurs nouveautés faisant intervenir les Incrétines (GLP. 1 et GIP.). Ces peptides sont sécrétés par l’iléon lors de la prise alimentaire et vont venir amplifier la réponse insulinique. En complément de cette action sur la sécrétion insulinique, ils entraînent une réduction de la sécrétion de glucagon, une baisse de la production hépatique de glucose, un ralentissement de la vidange gastrique, et une action centrale en favorisant la sensation de satiété.
En 2008 vont ainsi apparaître plusieurs nouvelles classes thérapeutiques : les incrétino-mimétiques : l’ EXENATIDE ( Byetta® Lab.LILLY) et les inhibiteurs du DPP IV, la SITAGLIPTINE ( Galvus® Lab. MSD). Le mode d’action et les résultats obtenus avec ces nouvelles drogues seront présentés et discutés.
Les nouvelles recommandations du traitement du diabète sucré de type 2 seront enfin revues et commentées, tant les recommandations françaises de 2006 que les recommandations communes de la société européenne de diabétologie (EASD) et de la société américaine de diabétologie (ADA) qui ont défini une stratégie commune. Il est certainement encore prématuré de vouloir établir un organigramme définitif avec ces nouvelles molécules, la prescription thérapeutique en diabétologie va devenir complexe et ardue mais cela inaugure une ère nouvelle, féconde et stimulante.
Le message à emmener chez soi restant :
u d’agir plus vite,
u d’agir plus fort,
u et surtout plus loin.
Recommandations communes de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) et l’American Diabetes Association (ADA)