La microalbuminurie
Professeur Christian NOEL
La microalbuminurie est un marqueur de l’hyper filtration glomérulaire. Il s’agit de petits fragments d’albumine qui passent à travers la membrane glomérulaire. Cette microalbuminurie est la conséquence d’un phénomène hémodynamique intra rénal avec augmentation de débit au niveau de l’artère afférente, soit parce que le sang est dévié vers les néphrons sains dans toute néphropathie de réduction néphronique, soit du fait de l’effet propre de l’insuline dans l’hyperinsulinisme du syndrome métabolique ou dans le diabète de type 2 avec résistance à l’insuline. Il n’y a donc pas de lésion glomérulaire à ce stade. Dans le syndrome métabolique et dans le diabète de type 2, l’athéromatose proximale et/ou distale se développe bien avant le stade de néphropathie. Donc, la micro-albuminurie détectée à ce stade n’est en fait à considérer que comme un marqueur du risque vasculaire chez ces patients et non le début d’une éventuelle néphropathie glomérulaire. Par ce que dans le diabète de type 2 cette microalbuminurie apparaît avant une éventuelle protéinurie qui elle va avoir valeur de néphropathie glomérulaire du diabétique, on en a fait un marqueur du début de la néphropathie diabétique. Si cela est vrai chronologiquement, cela est faux stricto sensu puisque la microalbuminurie ne reflète qu’un risque cardio-vasculaire et qu’il n’y a pas de lésion de la membrane glomérulaire à ce stade. D’ailleurs, certains diabétiques vont développer une véritable néphropathie sans protéinurie, par exemple par le biais d’une artériolosclérose touchant les petits vaisseaux intra rénaux (néphroangiosclérose).
Chez les patients suivis pour un syndrome métabolique ou un diabète de type 2, il peut être intéressant de rechercher cette microalbuminurie qui est un bon marqueur de risque cardiovasculaire en début de prise en charge. Cependant, dans la mesure où il est recommandé d’utiliser très tôt les IEC ou les ARA II, leur effet hémodynamique sera immédiat et la microalbuminurie va disparaître aussi vite. Ainsi, on voit mal l’intérêt de suivre ce paramètre sous IEC ou ARA II et il serait plus efficace, d’un point de vue néphrologique, de détecter l’apparition d’une vraie protéinurie. D’un point de vu cardiovasculaire, c’est les vaisseaux et le cœur qu’il faut surveiller et bien sur l’équilibre tensionnel. La surveillance de la microalbuminurie sous IEC et ARA II pourrait même être dangereuse car elle pourrait aboutir à être faussement rassurante chez des patients qui resteraient gros, hypertendu, mal équilibré au niveau glycémique ou dyslipidémique.