Examen de la vulve
Les maladies de la vulve se rencontrent dans les consultations du médecin généraliste, du dermatologue, du gynécologue, du sexologue. C’est dire le grand polymorphisme et la grande hétérogénéité de ces pathologies. Leur diversité sémiologique et clinique rend souvent le diagnostic difficile, source de perplexité, d’errements et d’erreurs.
Selon la spécialité la prévalence de telle ou telle maladie sera également différente.
Néanmoins
quatre symptômes sont communs à ces maladies
de
la vulve et motivent la consultation:
Les
leucorrhées
La
douleur/brûlure (vulvodynies)
Le
prurit
La
dyspareunie
Ces symptômes ainsi que, pour
certaines patientes, la connotation sexuelle et honteuse liée à ces maladies
entraînent souvent des comportements qui modifient parfois sensiblement la
sémiologie locale ( ulcérations ou lichenifications par lésions de grattage,
automédication par topiques, consultation tardive …) et qui rendent le
diagnostic encore plus difficile.
Les
causes de la maladie peuvent être regroupées en :
- Causes
infectieuses dont les MST.
- Causes
inflammatoires, trophiques (Kraurosis), toxiques allergiques, auto-immunes
- Causes
tumorales bénignes ou malignes préK ou K
- Causes
liées à la localisation ou au retentissement de certaines pathologies dermatologiques
(vitiligo, psoriasis, mélanome, pemphigus par exemple ) ou générales ( carence
en zinc, diabète, crohn, SIDA …)
- Causes
d’origine psychosexuelles ou psychiatriques …
L’examen clinique :
L’inspection attentive commence par le périnée et la région anale puis écartement délicat des grandes lèvres pour observation des petites lèvres, du sillon nymphohyménéal et du vestibule. Le TV est la plupart du temps inutile voir impossible. Ne pas oublier la recherche de ganglions inguinaux douloureux et d’éventuelles autres localisations cutanées.
L’examen de la petite fille requière de la patience et de la mise en confiance surtout vis a vis des parents qu’il faut rassurer.
La biopsie :
est indispensable sur les lésions douteuses +++
Nous sélectionnerons les causes de consultation les plus fréquentes en fonction de l’âge, avec les piéges et la difficile question du diagnostic différentiel, celle du « quand biopsier », le repérage des dermatoses prédisposant au cancer puis le problème de l’augmentation des néoplasies intraépithéliales (VIN) HPV induites chez la femme plus jeune avant 50/60 ans |
1
/ Selon la période de la vie :
Toutes les
pathologies non cancéreuses peuvent se rencontrer à tout âge mais …
Chez la
petite fille :
-
Vulvite simple sans vaginite
associée :
Facteurs
favorisants liés à la période prépubère (hypoestrogénie)
Hygiène
défectueuse ou erronée. Atteinte périnéale.
Germes
saprophytes polymorphes : Hemophilus, Staph, Echerichia Coli (PV inutile)
Candidoses
exceptionnelles
Oxyures et
scotch test
-
Suspicion d’abus sexuels :
PV ++ :
chlamydiae, N Gono, Tricho
-
Corps étrangers :
visible ? profond ?
-
Lichen Scléreux vulvaire :
Blanc nacrée,
atteinte périnéale et anale en 8, lésions de grattage
EN BREF :
diagnostic sur inspection, pas d’examen vaginal ni PV sauf suspicion d’abus
sexuel ou corps étranger (TR ?), |
Chez
l’adolescente :
Modifications
hormonales et anatomiques
« Vulvites »
physiologiques cycliques anxiogénes ? Attention aux PV « trompeurs ».
Hygiène imparfaite ou erronée.
Liée à
l’activité sexuelle débutante : apparition des vulvovaginites fréquentes ?
2/
Les vulvites et vulvovaginites infectieuses :
Apanage de la
femme en période d’activité sexuelle
Les
candidoses :
Très grande fréquence :
prévalence jusque 70% pour 1 épisode !
Le candida
albicans ou glabrata mieux recherché plus virulent parfois résistant
Terrains
favorisants +++
Candidose
aigue :
Prurit,
dyspareunie, vulve rouge vernissée, leucorrhées
grumeleuses « lait caillé » caractéristiques
Candidoses
chroniques :
au moins 3 épisodes identifiés dans l’année :
Augmentation
de fréquence, poussées, circonstances favorisantes ou non.
Recherche
étiologique : réinfestation, traitement antibio, hygiène, diabète … ou
rien !
Association à
autre MST, LSV etc
Diagnostic
différentiel ou associé:
La
Papillomatose physiologique +++(différentiel des végétations vénériennes)
Les
MST : Trichomonas, chlamydia, gono ...
L’herpes
Dermatophites,
impétigo, dermites allergiques…
L’Herpes :
Herpes
simplex type 1 labial et 2 génital
Contamination
pendant l’enfance
Primo-infection
vulvaire aiguë:
fillette ou
ado,
Synd .
grippal aiguë, brûlures intenses, douleurs pelviennes, dysurie/rétention
d’urine.
Erosions
vésiculeuses étendues à des stades différents avec gros ganglions inguinaux
douloureux
Récurrences :
en bouquets
sans virémie à partir des sites ganglionnaires, signes prémonitoires
NB/ Cas
particulier chez la femmes enceinte
EN
BREF : extrême fréquence de ces pathologies de diagnostic facile. Le PV
est nécessaire si doute sur association ou récidive ou échec de traitement |
Les
autres MST de localisation vulvovaginale :
Condylomes crêtes de coq
Chlamydiae,
trichomonase, mycoplasmes, gono
Chancre de la
syphilis primaire(rare) ou secondaire (encore plus rare)
Chancre mou
de ducrey
Gale et poux
Les vulvodynies essentielles et
vestibulites :
o vulvodynies à vulve apparemment
« saine » … facteurs prédisposants
o vestibulites : douleur vive
provoquée, érythème du vestibule.
3/
Les vulvites inflammatoire, allergiques, … :
A tout
âge : de la petite fille à la femme âgée
Prurigineuses
+++
Causes
multiples locales voire générales ou dermatologiques !!
Trois
aspects cliniques :
Vulvite
rouge vernissée eczematiforme ou bulleuse en plaques ou en totalité avec ou non atteinte du
périnée et des plis : irritative allergique (Lyell par ex ), eczéma de
contact , pemphigus, mal de paget, erythroplasies …
Vulvites
érosives :
le lichen érosif vulvaire (+ atteinte vaginale, gingivale, cutanée),
Vulvite
à plaques blanches
plus ou moins étendues plus ou moins surélevées : lichen post ménopausique
( Kraurosis V), leucoplasies, ... lichen scléreux vulvaire
EN
BREF : diagnostic plus difficile
Biopsies et avis spécialisé si doute |
4/
Les tumeurs bénignes :
Bartholinite
et kyste de la glande de Bartholin
Les
hydrosadénites des grandes lèvres perinée et plis ( mal. de Verneuil)
Les verrues,
condylomes et molluscums : virales, planes ou en crêtes de coq petites ou
exubérantes …
5/
Les pathologies dermatologiques précancéreuses ou prédisposant au cancer :
La mal de
paget
Les
leucoplasies du lichen plan et du LSV (30%)
Les
erythroplasies (Zoon)
EN
BREF : FROTTIS BIOPSIES dés suspicion . Surveillance. Avis spécialisé |
6/
Les néoplasie intraépitheliales ou VIN :
Nouvelle classification 2005
Femmes
plus jeunes < 50/ 60 ans: +++ HPV induite (16 18 31 33 39)
Augmentation
de fréquence (pic 20 à 40 ans)
Pas de
dépistage
Sémio.
clinique pauvre: « gêne ? », prurit
Papulose
bowenoide en nappes condylomateuses polymorphes et multifocales
VIN
indifférenciés dits communs : 80% HPV (16 surtout) et koiliocytes, associé
à 25% de CIN du col
Evolution
vers un cancer invasif 30%
EN
BREF : la femme jeune 40 ans
FROTTIS ( ?) BIOPSIES
VIROLOGIE |
Femmes
âgées > 60 ans
:
VIN 3
différenciés ou Bowen classique à grandes plaques dyskératosiques, érosives ou
erythroplasiques, unifocales sur lichen scléreux
Evolution
fréquente et imprévisible vers un épithélioma spinocellulaire (70%> 60 ans)
EN
BREF : BIOPSIES indispensable de toute lésion vulvaire après 60 ans |
7/
Les tumeurs malignes :
> 60 ans
Epithelioma
spino cellulaire invasif 90% +++
Et aussi
Basoc. Adenocar. Melanome 10%
EN BREF:
toute lésion vulvaire suspecte après 60 ans BIOPSIES et avis cancéro |
BIBLIOGRAPHIE:
Akerman
G, Dussour C, Haddad B, et al. Épidémiologie des néoplasies vulvaires
intraépithéliales. Gynecol Obstet Fertil 2007;35:1251-6.
Bergeron C. Nouvelle terminologie histologique
des néoplasies intraépithéliales de la vulve. Gynecol Obstet Fertil
2008;36:74-8.
Stefan
Gerber, Jean-François Delaloye, Denise Tonna Sienkiewic Une nouvelle
classification des néoplasies intraépithéliales vulvaires Rev Med Suisse
2008;4:2281-2285
C.
Duflot-Cohade, Vulvo-vaginites de l’enfant prépubère In mise à jour en gynécologie médicale vol 2007 CNGOF Trente et unième journées
nationales Paris 2007
Bernard
Blanc. Pathologie de la vulve et du vagin. 58. Vigot (1992).
ICONOGRAPHIE :
Je
remercie le Docteur Delphine Salle-Staumont et le service de dermatologie du
CHRU de Lille (Professeur Emmanuel Delaporte)
pour l’aide apportée a l’illustration de cette présentation.