Particularités de la consultation de l'adolescent
Dr Frédéric KOCHMAN
Pédopsychiatre, Praticien Hospitalier
Médecin Responsable de l’Unité Fonctionnelle Ados (UFA)
EPSM Agglomération Lilloise
La période de l’adolescence est bien souvent problématique lorsque des soins médicaux sont nécessaires. Différents facteurs viennent interagir et expliquer ces difficultés. Comme le disait mon maître, le professeur Parquet : « l’adolescent est trop grand pour venir en consultation en tenant la main de maman et pas assez grand pour se rendre compte seul, avec l’introspection nécessaire qu’il a besoin de ces soins ». L’adolescence conjugue notamment une fausse impression d’invulnérabilité (« moi je n’ai pas besoin de casque : je suis un pro de snowboard ! ») et une opposition active à tout ce qui touche au monde des adultes…dont le médecin fait partie…
Nous verrons ensemble dans un premier temps quelles formes de communication sont les plus propices au maintien du dialogue avec l’adolescent et par extension au maintien d’une bonne alliance thérapeutique. Il convient par exemple de ne pas infantiliser l’adolescent, si fier de son statut, mais au contraire de la valoriser dans son accès à des capacités d’intellectualisation accrues : le médecin peut le faire notamment en utilisant une grille de lecture scientifique et médicale poussée, si possible par le biais d’outils qu’il maîtrise parfaitement tels que l’informatique. Nous aborderons des techniques de communication bien adaptées au dialogue avec l’ado, comme la « communication non violente » qui vise à privilégier les capacités d’empathie par l’intermédiaire de l’expression puis de l’écoute préalable de ses sentiments, de ses besoins puis de sa demande : « j’ai parfaitement ressenti tes difficultés, ton mal être face à ton acné et ton besoin de te soigner sans que ta mère s’immisce dans le traitement. Je pense que ta demande est de gérer seul tes soins et je te propose de travailler avec toi dans ce sens ».
Dans un second temps, nous passerons rapidement en revue de manière concrète et très pratique certaines nouvelles pathologies psychiques propres à l’adolescent en abordant les critères diagnostiques et les stratégies thérapeutiques : nous aborderons la dépression juvénile et ses corollaires, la cyberaddiction et le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité.
En conclusion, j’évoquerai les intérêts évidents que nous pouvons tirer du réseau médecins de ville – unité fonctionnelle pour adolescents que je dirige : consultation rapide (en moins de 48 heures) et adaptée à la problématique du jeune (consultation conjointe avec le médecin généraliste dans son cabinet, consultations à domicile, etc.).