L'érythème noueux
Dr Marc LAMBERT
L’érythème noueux est la cause la plus classique de panniculite. Sa présentation clinique est caractérisée par des nodules sous cutanés érythémateux, chauds, douloureux, atteignant de façon bilatérale les deux MI, en particulier au niveau pré-tibial. Les lésions cutanées évoluent spontanément favorablement en une à six semaines, passant du rouge vermillon au jaune.
C’est surtout la femme entre 20 et 40 ans qui présente ces symptômes cliniques. L’érythème noueux évolue rarement vers l’ulcération ou la suppuration. Il peut être accompagné de symptômes systémiques : une fièvre, une fatigue, des arthrites. Il existe volontiers une hyperleucocytose ainsi qu’un syndrome inflammatoire caractérisé par une accélération de la vitesse de sédimentation et une élévation de C- réactive protéine.
Les étiologies de l’érythème noueux sont multiples, impliquant essentiellement le streptocoque mais aussi d’autres bactéries comme yersinia, salmonella et campylobacter. Parmi les médicaments, les œstrogènes sont régulièrement incriminés même si les antibiotiques sont certainement la cause la plus fréquente. Les maladies inflammatoires du tube digestif comme la maladie de Crohn ou la sarcoïdose avec sa forme typique de syndrome de Löfgren sont des causes volontiers identifiables. Certaines infections peuvent plus rarement donner des érythèmes noueux comme l’infection à Chlamydia pneumoniæ ou Trachomatis, le Mycoplasme, la tuberculose, l’hépatite B ou le virus EBV. Certains cancers comme le cancer du pancréas, les tumeurs carcinoïdes ou certaines leucémies peuvent être associées eux aussi à l’érythème noueux. Dans une étude récente, l’érythème noueux était idiopathique dans 1/3 des cas, infectieux dans un autre tiers ; la sarcoïdose représentait environ 22% des cas.
Le but de cet exposé est bien sûr d’identifier les causes les plus fréquemment associées à l’érythème noueux, et définir la démarche diagnostique raisonnée et raisonnable à appliquer et enfin de choisir les meilleurs options thérapeutiques en Médecine de ville. Le traitement étiologique doit bien sûr être prioritaire mais bien souvent c’est un traitement symptomatique qui améliorera le patient dans la majorité des cas. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont le traitement usuel mais il ne faut pas oublier que la récidive de l’érythème noueux survient dans près de 40% des cas. Le repos, l’élévation des MI sont des traitements adjuvants extrêmement efficaces. L’iodure de potassium est particulièrement efficace dans cette situation clinique tout comme la COLCHICINE (1mg par jour). La contention peut être utile même si elle est parfois difficile à appliquer dans les premiers jours du fait des douleurs liées à l’hypodermite.
En conclusion l’érythème noueux peut être le symptôme de multiples pathologies sous-jacentes même si le bilan étiologique est souvent négatif. Il s’agit le plus souvent de rassurer le patient tout en éliminant les pathologies qui pourraient avoir des conséquences systémiques.
Principales
étiologies de l'érythème noueux
Maladies inflammatoires
- Sarcoïdose (Syndrome de Löfgren)
- Maladie de Behçet
- Entéropathies inflammatoires : maladie de Cröhn, rectocolite hémorragique
Infections
- streptococcique
- Primo-infection de la tuberculose
- Infection digestive à "Yersinia enterocolitica"
- Infection à "Chlamydia"
- Infection à "Salmonelle" (Salmonellose)
- Maladie des griffes du chat
- Hépatites (Virus A, B, C)
- Mycoses profondes
- Brucellose
- Lèpre
-EBV
-HSV
-Toxoplasmose
Médicaments
- Sulfamidés, antalgiques et AINS, dérivés iodés, contraception orale
Autres
- Idiopathique
- Lymphome hodgkinien
- Au cours de la grossesse
Bilan étiologique minimum (phase aiguë)
- NFS
- VS, CRP
- Electrophorèse des protéines sériques
- Transaminases
- Sérodiagnostic streptococcique
- Sérologie Yersiniæ
- Radio de thorax
- Tests tuberculiniques
- BU