La kyphoplastie



Dr Patrick CHASTANET

 

 

 

Il y a plus de 20 ans, la vertébroplastie a été développée par l’équipe du Professeur DERAMOND à AMIENS. Cette technique consiste à injecter, sous contrôle radioscopique, du PMMA ou Polyméthylméthacrylate dans une vertèbre par voie transcutanée.

La kyphoplastie ou cyphoplastie consiste, avant toute injection, à introduire dans la vertèbre tassée des ballonnets qui sont gonflés à l’aide de produit de contraste et qui permettent à la fois de créer une cavité au sein de la vertèbre et de restaurer une hauteur à cette vertèbre tassée, il s’agit ensuite d’injecter ce même ciment polyméthylméthacrylate dans la vertèbre.

La kyphoplastie est essentiellement indiquée en cas de tassement vertébral ostéoporotique récent, c’est-à-dire de moins d’1 mois. En effet, pendant cette période, la fracture n’est pas encore consolidée et on peut espérer obtenir un rehaussement de la hauteur du corps vertébral.

 

Par rapport à la vertébroplastie, la kyphoplastie présente deux avantages :

 

-          d’une part, espérer une réduction du tassement de la vertèbre

-          d’autre part, éviter les fuites de ciment qui sont une des complications de la vertébroplastie.

 

Inversement, la kyphoplastie présente l’inconvénient de nécessiter un matériel coûteux à usage unique puisqu’un kit coûte environ 3500 €.

Par ailleurs, le geste de la kyphoplastie est plus long et plus minutieux que celui de la vertébroplastie.

 

 

La Kyphoplastie : Techniques et Indications

 

L’indication est tout d’abord posée par une équipe multidisciplinaire comportant un rhumatologue ou un rééducateur fonctionnel, un radiologue rompu à cette technique et un chirurgien qu’il soit orthopédiste ou neurochirurgien.

Le patient est informé, lors d’une consultation préalable, des modalités et des complications potentielles de ce geste qui s’effectue sous anesthésie générale. Ceci nécessite, bien entendu, une consultation d’anesthésie préalable également.

 

Le patient endormi est placé en procubitus sur la table de radiologie vasculaire qui comporte un arceau mobile permettant d’effectuer un contrôle scopique permanent et des clichés de face, de profil et en obliques sans avoir à mobiliser le patient.

Un abord transpédiculaire droit et gauche permet de mettre en place les canules dans le corps vertébral. On met, ensuite, en place les ballonnets qui sont gonflés à l’aide de produit de contraste, ceci sous contrôle scopique ; la pression dans les ballonnets étant également contrôlée par un manomètre relié à chacun de ces ballons. Lorsque la distension du ballon paraît suffisante, ces ballons sont ôtés, on injecte alors le ciment acrylique ou PMMA à l’aide de canules remplies de ciment. Ce remplissage est progressif, bilatéral jusqu’à obtention du comblement complet des cavités ainsi créées. Les canules sont enlevées sous contrôle scopique. Après réveil du malade, un scanner de contrôle est réalisé systématiquement. Le patient pourra être remis en charge 24 heures après la procédure, le ciment se polymérisant rapidement. L’hospitalisation dure habituellement 3 à 4 jours.

Dans environ 70 % des cas, les douleurs liées au tassement régressent en 2 à 4 jours.

 

Plusieurs dizaines de milliers de procédures ont été effectuées. Elles permettent, en cas de tassement ostéoporotique récent, une augmentation de la hauteur vertébrale dans 50 à 60 % des cas, ce réhaussement moyen de la hauteur étant chiffré entre 25 et 50 %.

On peut, ainsi, espérer une réduction de la cyphose et donc de la morbidité ultérieure.

 

Cette méthode peut également être utilisée, mais beaucoup plus rarement, en cas de tassement métastatique ou en cas de tassement en rapport avec un myélome.

La limitation de diffusion de cette méthode est liée d’une part, au coût du matériel et, d’autre part, au nombre assez restreint d’équipes susceptibles de les réaliser.

 

Dans l’avenir, deux voies de recherche sont privilégiées :

 

-          celles d’un substitut osseux visant à remplacer le polyméthylméthacrylate, le but étant d’entraîner une ostéoinduction,

-          celles d’implants métalliques proches des stents utilisés en chirurgie vasculaire qui sont ensuite remplis secondairement de polyméthylméthacrylate.

 

 

Références :

 

1.         Mathis JM, Deramond H, Belkoff SM. Percutaneous Vertébroplasty and Kyphoplasty. Second Edition Springer, 2006, 309 pages

 

2.         Dalbayrak S, Onen MR, Yilmaz M, Naderi S. Clinical and radiographic results of balloon kyphoplasty for treatment of vertebral body metastases and multiple myelomas. J Clin Neurosci 2010 ; 17 : 21-24

 

3.         Fuentes S, Blondel B. Vertebroplasty and balloon kyphoplasty. Neurochirurgie 2010 ; 56 : 8-13

 

4.         Heini PF. Vertebroplasty : an update : value of percutaneous cement augmentation after randomized, placebo-controlled trials. Orthopade 2010 ; 39 : 658-64.

 

5.         Gill JB, Kuper M, Chin PC, Zhang Y, Schutt R Jr. Comparing pain reduction following kyphoplasty and vertebroplasty for osteoporotic vertebral compression fractures. Pain Physician 2007 ; 10 : 583.