Urologie pratique de 7 à 77 ans (hors prostate)
Docteur Olivier VANKEMMEL
ECTOPIE – CRYPTORCHIDIE
Ce que nous savons tous :
risque d’hypofertilité 2 à 6 fois supérieur (taux d’infertilité si unilatéral = 10 à 25% des cas, si bilatérale = 40 à 67% des cas)
risque de cancérisation 5 fois supérieur
Plus le testicule est haut plus les risques augmentent pendant les 3ème et 4ème décénies
Le réflexe clinique : examiner la verge et l’autre testicule
Car en cas d’anomalie associée il faut faire un bilan endocrinologique et/ou génétique (caryotype, testostérone, HCG, test LH-RH..)
En cas d’anomalie de la verge (hypospadias, micropénis)
En cas d’absence de testicule perçu (aucun des deux)
En cas de syndrome dysmorphique
En résumé : quel bilan ?
Pas de bilan complémentaire si l'ectopie est uni ou bilatérale mais avec au moins avec un testicule palpé et une verge normale.
Bilan endocrinologique et/ou génétique (caryotype, testostérone, HCG, test LH-RH..) en cas d'anomalie associée
Cas particulier du testicule oscillant :
surveillance une fois par an jusqu’à la puberté car parfois le testicule se fixe en inguinal, est devient cryptorchidie et doit alors être opéré.
Le traitement : la question, c’est quand et à quel âge ?
Le chiffre à retenir c’est « entre 2 et 3 ans »
si ectopie palpable : chirurgie entre 2 et 3 ans
si ectopie hernie : chirurgie dès que possible(risque d’étranglement)
si testicule non palpable : coelisocopie (dans 50% : inexistant = info préopératoire)
INFECTIOLOGIE (références : CIAFU Comité Infectiologie Association Française d'Urologie)
• CYSTITE AIGUE
Quel Bilan ?
en cas de Cystite aigüe simple (femme de tout âge sans co-morbidité) typique
* la réalisation d'examen complémentaire n'est pas nécessaire
* la réalisation d'une bandelette urinaire est optionnelle
en cas de doute diagnostic ou de signes de gravité
* la réalisation d'examens complémentaires est recommandé
ECBU ,
voire ASP, échographie, Cystoscopie et/ou Scanner
quels sont les facteurs de "complications" ou de "gravité" ?
femme enceinte, dysimmunité (diabète, insuffisance hépatique, cancer,...)
maladies au long cours, antécédents urologiques; endoscopie urologique récente
signe d’infection parenchymateuse
Quel Traitement ?
* cystite aiguë simple de la femme jeune non enceinte
- choix de 1ère intention: Fosfomycine-trometamol ou céfixime Oroken® ou fluoro-quinolone
- durée courte monodose ou 3 jours
le traitement Monodose à privilégier en 1ère intention par fosfomycine-trométamol (Monuril®,Uridoz®)
ou ofloxacine (Monoflocet®400mg) ciprofloxacine (Uniflox® 500mg)
en cas de Traitement de 3 jours: lomefloxacine (1 cp de Logiflox®400 mg) ou norfloxacine (1 cp x2/ j de Noroxine®)
en cas d'autres molécules un traitement long de 5 à 7 jours est recommandé (Furadantine®, ...)
- Diurèse à 2 litres / jours
* cystite aiguë chez la femme ménopausée
le traitement court peut être donné chez les femmes ménopausées sans facteur de co-morbidité
dans les autres cas le traitement de 5 à 7 jours reste la référence
* cystite aiguë compliquée
- le traitement de 5 à 7 jours reste la référence
les recommandations AFFSAPS privilégient en première intention les nitrofurantoines.
Et en deuxième intention le céfixime Oroken® ou les fluoroquinolones.
- un traitement par amoxicilline (1g x 3) ou par cotrimoxazole (Bactrim fort® 1cp x 2) de 5 jours est possible après réception de l’antibiogramme en plus des autres propositions (en cas d’attente des résultats si peu de symptômes.)
Les traitements courts sont CI dans cette situation.
Les quinolones de première génération n’ont plus d’indication dans ce cadre.
Les fluoroquinolones sont à éviter si l’antibiogramme montrent une résistance aux quinolones de 1ère génération (même si fluoroquinolone sensible).
* cystite aiguë de la femme enceinte
- le traitement de la bactériurie asymptomatique est recommandé car il diminue le risque de pyélonéphrite
- le traitement de la cystite aiguë et de la bactériurie asymptomatique est identique
- Le traitement probabiliste repose sur pivmecilinam Selexid®, cefixime Oroken® ou les nitrofurantoines (sauf au 9è mois)
- la durée de référence est 7 jours
- les autres molécules utilisées sont amoxiciline, cefalexine
* cystite récidivante
- préférer le traitement long de 5 à 7 jours
- traiter les facteurs déclenchants ou favorisants
- en cas de cystite post-coïtale: traitement prophylactique à 1/3 ou 1/4 de la dose curative après chaque rapport
- en cas d'épisodes fréquents (> 4 épisodes par an) un traitement prophylactique à faible dose peut être proposé au long cours
le soir au coucher
cotrimoxazole Bactrim® 400 mg 1cp / j 3 fois par semaine, ou Monuril® tous les 10 j
l'épargne des quinolones doit être recherchée dans cette indication
* cystite aiguë chez l'homme
- il s'agit d'un diagnostic d'exception
- une infection urinaire basse chez l'homme doit être considérée comme une prostatite
Quelles sont les antibio-résistances ?
- ne plus employer (en empirique) l’Amoxicilline (≥ à 40% de Coli ampi R) ni le cotrimoxazole.
- privilégier le Fosfomycine-trométamol en première intention (Monuril®, Uridoz®)
- préserver les fluoro-quinolones
Quelles sont les recommandations de suivi ?
- après un épisode de cystite aiguë simple : pas d'ECBU
- en cas de persistance des symptômes au delà de 7 jours: ECBU et évaluation complémentaire (clinique, échographie, ...)
- chez la femme enceinte:
Bandelette à chaque consultation prénatale
ECBU si Bandelette positive ou si Diabète, antécédent d'infection ou d'uropathie
L’hématurie épisodique ne justifie pas de bilan spécifique sauf si facteurs de risque (tabac, persistance des symptômes) ou récidivante systématique
• PROSTATITE AIGUE BACTÉRIENNE
- La prostatite aigue est un diagnostic d’interrogatoire
" Une infection fébrile chez l’homme est une prostatite jusqu’à preuve du contraire "
ECBU recommandé (1er et 2ème jet)
si l’ECBU est négatif, cela n’exclut pas le diagnostic mais impose de rechercher un diagnostic différentiel.
La règle des 30% :
30% des ECBU sont stériles
30% des TR sont indolores
30% présence de douleurs lombaires (« la pyélonéphrite de l’homme n’existe pas »
Quel Bilan diagnostic ?
- Critères Cliniques ?
Syndrome infectieux pouvant évoquer un syndrome grippal
Symptômes urinaires, douleurs périnéales, urétrales, pelviennes, urétrales, parfois rectales
Prostate douloureuse au toucher rectal
- Critères Bactériologiques ?
l' ECBU est recommandé
évaluation de gravité:
NFS, CRP
les hémocultures ne sont pas recommandées en absence de signes de gravité de l'infection
Pas de signe digestif (pas de vomissements..) , Pas d’antécédent urologique (lithiase..)
Pas de tempétature élevée ni frissons fréquents , Pas d’antécédent de maladie générale (diabète..) ni grossesse
Pâge < à 65 ans
- Explorations complémentaires ?
* au mieux dans les 24 h: Echographie des voies urinaires , avec étude du résidu post-mictionnel
en Urgence en cas de signe de gravité ou devant une évolution anormale
* Selon les cas : ASP, scanner, cystoscopie
* le dosage du PSA n'est pas une "recommandation" (son élévation est habituelle mais inconstante)
Quel traitement ?
* Prostatite aiguë simple
Forme simple : C3G Rocéphine® IV 1 g /24 heures ou Fluoroquinolone per-os si pas de nausées ni vomissements
Ne pas utiliser l’amoxicilline si germe sensible compte tenu des difficultés de pénétration prostatique.
A réception de l’antibiogramme adapter éventuellement: Bactrim®, ...
Durée: 3 à 6 semaines
Pas de traitement préventif sexuel des partenaires
* Prostatite aiguë compliquée
une hospitalisation est recommandée
Bi-antibiothérapie: Aminoside C3G ou Fluoro-quinolone
Durée: 3 à 6 semaines
Quelle surveillance ?
Réévaluation clinique à 48-72 h et à J7
NFS, CRP, ECBU
• PYELONEPHRITE
"La pyélonéphrite de l’homme n’existe pas"
"Une infection urinaire fébrile de l’homme est une prostatite jusqu’à preuve du contraire".
Quel Bilan ? (idem à celui de la prostatite aiguë )
*Confirmation diagnostic : ECBU
*Appréciation de gravité :NFS CRP (la normalisation de la CRP est un marqueur de l’efficacité thérapeutique.
* Echographie systématique dans les 12 à 24 heures
pour le diagnostic différentiel (PNA simple, colique néphrétique compliquée d’infection)
* Scanner à effectuer d'emblée si :
Chez le diabétique
Si diagnostic douteux
Si persistance > 72 h
Si PNA compliquée
*Critère de pyélonéphrite aigue simple :
Pas de signe digestif (pas de vomissements..)
Pas d’antécédent urologique (lithiase..)
Pas de tempétature élevée ni frissons fréquents
Pas d’antécédent de maladie générale (diabète..) ni grossesse
âge < 65 ans
* Critères de pyélonéphrite compliquée :
Tout ce qui n’est pas simple
En cas de critère de gravité : hospitalisation
Quel Traitement ?
Après ECBU, débuter sans attendre, en monothérapie par :
* C3G ROCEPHINE ® IV (ou IM) 1 g/24 heures
Ou FLUOROQUINOLONE systémique, per os si possible voire IV si gravité et/ou vomissements :
OFLOCET® : 200 mg x 2/24 heures
CIFLOX® per os : 750 mg x 2/24 heures, en IV : 200 mg x 2 /24 heures
TAVANIC® : 500 mg x 1/24 heures
Eviter d’utiliser une fluoroquinolone si notion de prescription de quinolones dans les 6 mois (risque de sélection de souche moins sensible).
La suite du traitement dépend des résultats de l’antibiogramme (environ 48 heures) et peut faire appel :
Amoxicilline 1 g x 3 /24 heures si germe Ampi S
Fluoroquinolone ou Cefixime 200 mg x 2 /24 heures ou Cotimoxazole si germe Ampi R
Quelle Durée de traitement ?
* 14 jours.
* Elle peut être de 7 jours avec les fluoroquinolones.
* chez la femme de > 65 ans: 2 à 3 semaines
* chez l'homme: 3 à 6 semaines
"La pyélonéphrite de l’homme n’existe pas"
"Une infection urinaire fébrile de l’homme est une prostatite jusqu’à preuve du contraire".
L’ECBU
10³ / ml = 1 / mm³
LEUCOCYTURIE
La leucocyturie est le témoin d’une réaction inflammatoire sur le tractus urinaire
"Une leucocyturie > ou = à 10⁴ / ml (ou 10 / mm³ signifie que : il y a quelque chose quelque part"
Ce quelque chose ce sera :
Infection urinaire ou génitale aigue ou chronique
Infection décapitée ou débutante
Inflammation des voies urinaires (Cis, corps étranger, TVES, BK…)
L’étiologie est à rechercher et à interpréter en fonction des SF existants ou non, de la bactériurie, de la diurèse.
BACTÉRIURIE
Le seuil de significativité est > ou = à 10⁵ / ml (♀) 10³ / ml (♂)
Le seuil de bactériurie associé à une leucocyturie significative (10⁵ / ml) a été modifié en tenant compte de la forme clinique et de l’espèce bactérienne :
(Tableau issu des recommandations AFSSAPS 2008)
Dans tous les cas, le seuil ne peut être opposé à un tableau clinique évident
ECBU et sondes :
Sonde en place, au bout d’une semaine, 70% des ECBU sont positifs par phénomène de colonisation banale. Au bout de 1 mois, 100% des ECBU sont positifs !
Donc pas d’ECBU systématique chez le patient qui a été sondé sauf en cas de symptomatologie d’infection ou d’hyperthermie
Ref : Comité infectiologie de l’AFU
HAS