Relation avec le médecin du travail : aptitude, souffrance, harcèlement
Docteur Anne DOUBLET Docteur Stéphanie LUBREZ
Le médecin du travail a pour mission réglementaire d’éviter l’altération de la santé des salariés du fait de leur travail. A cet effet, il met en jeu ses activités de consultations médicales (qui prennent le nom de visite) et d’actions en milieu de travail
Le médecin généraliste et le médecin du travail jouent un rôle complémentaire vis-à-vis de la préservation de la santé des salariés : le médecin généraliste à un rôle curatif, le médecin du travail un rôle préventif. Seul ce dernier - de part ses connaissances de l’état de santé des salariés et des risques et contraintes du poste de travail occupé - peut se prononcer sur l’aptitude du salarié au poste.
Il est amené également à évaluer l’adéquation entre l’état de santé du salarié et le poste de travail occupé et peut proposer toutes les mesures nécessaires pour préserver le maintien dans l’emploi.
Depuis quelques années, outre les risques physiques et chimiques, la part des risques dits « psychosociaux » est devenue prépondérante. La souffrance psychologique n’est pas forcément le fruit d’une intentionnalité malveillante, elle peut être due à un problème de management ou d’organisation. Elle diffère du harcèlement, que sous-tend une intention délibérée de nuire et qui relève d’une décision juridique.
Face à un patient en arrêt de travail, le médecin généraliste ne doit pas hésiter à prendre contact avec le médecin du travail par l’intermédiaire d’un courrier remis en mains propres au patient ou un appel téléphonique en sa présence. Les courriers sont à remettre au médecin du travail et non à l’employeur.
Le salarié, tout comme le médecin conseil ou le médecin traitant, peut demander à rencontrer son médecin du travail alors qu’il est en arrêt de travail. Cette visite de pré-reprise a pour but d’anticiper la reprise dans les meilleures conditions et d’engager les mesures nécessaires (mi-temps thérapeutique soumis à l’approbation du médecin conseil et de l’employeur, reconnaissance travailleur handicapé, aménagement du poste à prévoir ou reclassement voire ré-orientation professionnelle).
Réciproquement, le médecin du travail peut contacter le médecin traitant lorsqu’il met en évidence une pathologie ou lorsque le patient relève de la médecine de soins, justifiant un arrêt de travail.
Tout salarié peut solliciter une rencontre avec le médecin du travail pour lui faire part de ses difficultés : la visite dite occasionnelle ne débouche pas forcément sur un avis d’aptitude et l’employeur n’en est pas automatiquement informé.
Les médecins du travail sont de plus en plus confrontés à des situations complexes pour lesquelles un travail en partenariat avec d’autres acteurs de la santé est indispensable. Les médecins généralistes qui sont souvent les premiers interpellés par leurs patients sont ainsi des collaborateurs de premier plan pour les médecins du travail.
Dans l’intérêt des patients, une synergie est donc indispensable entre les médecins généralistes et les médecins du travail, les échanges reposant sur l’accord préalable du patient dans le strict respect de sa liberté individuelle.