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Conduite à tenir devant une protéinurie



 

Professeur Christian NOEL

 

Pourquoi les spécialistes de médecine générale et autres que néphrologues ne s’intéressent ils pas à la mise en évidence d’une protéinurie ?

1-      Parce que c’est trop compliqué à interpréter 

2-      Parce que c’est rare et que l’on a bien d’autres chats à fouetter 

3-      Parce qu’une fois qu’on la découverte, on ne sait pas quoi en faire 

4-      Et finalement car ce n’est pas si simple que çà à dépister 

 

Toutes ces propositions sont fausses

 

1-      Est-ce qu’il est compliqué de comprendre qu’une protéinurie a la même signification que le marc de café dans une tasse. Une protéinurie signifie une atteinte du filtre rénal (glomérulaire) et donc détecte une maladie rénale. Dans ce cas, il faut répondre à la question : est-ce qu’il est important de découvrir une maladie rénale chez un patient ?

2-      Non ce n’est pas rare notamment dans le cadre d’une population qui vieillit et vue la prévalence de la maladie diabétique.

3-      On ne sait pas quoi en faire : il faut toujours l’interpréter dans le contexte clinique d’un patient que l’on prend en charge (Diabète, complications vasculaires, cancer, antécédents rénaux personnel ou familiaux …) et s’il s’agit d’un problème rénal, est-ce compliqué de doser la créatinine dans le sang et de faire réaliser une échographie rénale ? On peut également préciser les qualités de cette protéinurie (albumine ou non, quantification sur 24h…)

4-      Pas si simple à dépister ? Oui si l’on pense que tout ce que l’on fait soi même  est une perte de temps. Effectivement, lorsqu’on n’est pas organisé, la simple bandelette urinaire peut être un vrai parcours du combattant. Son dosage en revanche est d’une facilité enfantine sur un simple échantillon.

 

Lorsqu’une protéinurie est détectée et donc significative (Albuminurie supérieure à 300 mg/24h), il faut bien sûr l’interpréter dans son contexte clinique mais l’avis néphrologique est d’importance pour faire le bilan d’une maladie rénale dont la gravité est à évaluer (indication de biopsie rénale ?). Cet avis néphrologique doit conduire à des pistes étiologiques et à une conduite à tenir en terme de surveillance et de traitement.

 

La microalbuminurie, en dehors d’une insuffisance rénale chronique, elle doit être interprétée comme un phénomène d’hyperfiltration et aura surtout une signification pronostic dans le cas d’un syndrome métabolique ou d’un diabète. On connait dans ce cas l’augmentation du risque vasculaire et l’intérêt d’utiliser des inhibiteurs du système rénine-angiotensine. 

 

Le dépistage systématique à la bandelette a son intérêt car il peut détecter d’autres problèmes urinaires et conduira les explorations complémentaires dont le dosage de la protéinurie si celle-ci apparait supérieure à une croix.

 

Le dosage de l’albuminurie urinaire peut se réaliser sur simple échantillon urinaire, rapportée à la créatinine urinaire pour établir un rapport qui peut avoir une bonne valeur d’orientation en sachant, qu’en cas de doute, c’est la protéinurie des 24 heures qu’il faut utiliser.