La vitamine D.

VITAMINE D

 

La vitamine D a 3 sources1 :

-        Transformation du cholestérol par action des UV sur la peau (90%) puis hydroxylation en 25 par le foie et en 1 par le rein

-        Origine végétale (ergot de seigle) : ergocalciférol (vitamine D2)

-        Origine animale (huile de poisson) : chocalciférol (vitamine D3), plus active que celle d’origine végétale

L’action la plus connue (et reconnue) de la vitamine D est la prévention de l’ostéomalacie chez l’enfant et la prévention de l’ostéoporose chez les personnes âgées de plus de 65 ans. D’autres utilisations sont courantes : apport chez l’insuffisant rénal chronique (ostéodystrophie) et supplémentation en cas de corticothérapie (souvent associée à une supplémentation calcique).

NB : non prescrite systématiquement en cas de sarcoïdose puisque la maladie peut s’accompagner d’une hypercalcémie due à une synthèse endogène accrue en vitamine D

 

Les recommandations actuelles (AFSSA) sont de 200 UI/j avant 65 ans, 400 à 600 UI/j après.

L’objectif étant d’obtenir un taux plasmatique supérieur à 30 ng/ml de 25 OH vitamine D.

 

Les sources de supplémentation sont nombreuses :

-        Vitamine D2 (ergocalciférol) : stérogyl, uvésterol, frubiose vitamine D2

-        Vitamine D3 (cholécalciférol) : vitamine D3 Bon, zyma D , uvédose

-        25 (OH) D3 (calcidiol) : dédrogyl (1 goutte = 200 UI = 5 mg)

-        1 (OH) D3  (alfacalcidiol) : un-alfa

-        1-25 (OH) D3 (calcitriol) : rocaltrol

Dans le rachitisme, le stérogyl est classiquement prescrit ; il serait logique de lui préférer la vitamine D3 qui est 2 à 3 fois plus biodisponible.

Le calcitriol s’impose dans les ostéodystrophies rénales car il n’y a plus d’hydroxylation en 1 alpha.

 

La supplémentation peut être adaptée au déficit constaté :

-        Déficit faible (dosage > 22 ng/ml) : supplémentation par  X à XV gouttes de dédrogyl par jour pendant 1 mois par exemple

-        Déficit plus conséquent (< 22 ng/ml) : uvédose, 1 ampoule à boire par mois pendant trois mois

-        Déficit majeur (< 10 ng/ml) : uvédose, 1 ampoule à boire tous les 15 jours pendant 3 mois

 

Pourquoi supplémenter en - vitamine D ?

Mais le rôle de la vitamine D ne semble pas limité aux carences, à la prévention de l’ostéoporose (cortisonique ou liée à l’âge) ou à celle de l’ostéodystrophie rénale.

Des études rapportent des bénéfices dans la prévention de nombreux cancers (colorectal, sein…), de l’hypertension artérielle, de la maladie coronarienne, des maladies inflammatoires (sclérose en plaques, maladie de Crohn2), l es troubles cognitifs, les maladies respiratoires virales chez l’enfant, une meilleure réponse au traitement dans l’hépatite C ou l’infection à  VIH…

Par exemple, la constatation d’une faible incidence de la sclérose en plaques dans les régions ensoleillées du globe incite à supplémenter les patients en vitamine D pour prévenir les rechutes de la maladie ou en limiter les conséquences cliniques3. Ainsi, de nombreux services de neurologie supplémentent systématiquement leurs patients.

Certains scientifiques jugent insuffisantes  les recommandations actuelles concernant la vitamine D, arguant que la seule étude sur les recommandations en apport date de 1948 ; ils contestent la faiblesse des taux recommandés, plaident pour des apports de 800 UI à 2 000 UI par jour. Ils étayent leur plaidoyer sur le manque d’ensoleillement du pays d’octobre à avril empêchant une production suffisante en vitamine D.

A ce jour, il est difficile de trancher car la vitamine D n’a pas le monopole des acteurs bénéfiques sur la prévention de telle ou telle maladie : ainsi, si les régions ensoleillées ont un taux de cancers ou de maladies auto-immunes moindre que dans d’autres régions, d’autres facteurs environnementaux ou alimentaires pourraient être impliqués (consommation accrue de graisses cuites dans les régions froides, régimes non méditerranéens…)

Supplémenter a un impact financier et potentiellement toxique (taux > 80 ng/ml), notamment s’il y a prescription associée de calcium.

Le débat est loin d’être clos car des études concernant la supplémentation en vitamine D au cours de pathologies néoplasiques4 n’ont pas montré de bénéfices à cette supplémentation.

 

1 : Brown AJ, Dusso A, Slatopolsky E.  Vitamin D.  Am J Physiol 1999:277:F157-F175

2: Nicholson I, Dalzell AM, El-Matary W. Vitamin D as a therapy for colitis : a systemic review. J Crohns colitis 2012 May;405-411

3 : Mowry EM, Waubant E, McCulloch CE and col. Vitamin D status predicts new brain magnetic resonance imaging activity in multiple sclerosis. Ann Neurol. 2012 Aug;72(2):234-40

4 : Baron AJ, Barry EL, Mott LA and col. A trial of calcium and vitamin D for the prevention of colorectal adenomas. NEJM 2015;373:1519-30

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts