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La numération formule sanguine


 
Professeur Francis BAUTERS

Service des Maladies du Sang

CHRU

59037 LILLE Cedex

 

 

            Un hémogramme comporte la numération des divers éléments figurés du sang: globules rouges ou érythrocytes ou hématies avec détermination du taux d’hémoglobine et de l’hématocrite et calcul des indices érythrocytaires dont principalement le volume globulaire moyen (la numération des réticulocytes n’étant pratiquée que sur demande du prescripteur), globules blancs ou leucocytes, plaquettes, ainsi que l’établissement de la formule blanche ou leucogramme. Sa réalisation fait appel à des compteurs automatiques mais l’intervention humaine (examen au microscope des frottis sanguins) reste nécessaire pour interpréter une anomalie quantitative et/ou un aspect cellulaire anormal.

 

            Habituellement couplé à la détermination de la vitesse de sédimentation globulaire (VS), il s’agit de l’une des analyses biologiques les plus courantes et l’on conçoit mal qu’un bilan (de santé, préopératoire, de médecine du travail, etc.…) en soit dépourvu. Il sera également prescrit devant  les signes cliniques suivants : syndrome anémique, syndrome infectieux résistant ou mal contrôlé par l’antibiothérapie, syndrome hémorragique cutanéo-muqueux, adénopathies superficielles ou profondes, splénomégalie. Il s’impose dans certaines situations relevant de l’urgence: état de choc, angine ulcéro-nécrotique, hyperthermie avec frissons après une chimiothérapie antimitotique, hémorragies viscérales.

 

            La composition de l’hémogramme normal sera exposée en précisant chaque fois la limite inférieure et la limite supérieure de chaque paramètre. Il sera fait mention des artéfacts possibles : macrocytose en cas de présence d’agglutinines froides, fausse thrombopénie liée à une agglutination excessive des plaquettes en présence d’EDTA, et l’accent sera mis sur les variations physiologiques de l’hémogramme:

 

-       En fonction de l’âge: taux d’hémoglobine plus faible chez le jeune enfant, avec microcytose ; lymphocytose physiologique dans cette tranche d’âge ;

-       En fonction du sexe : valeurs moindres des paramètres érythrocytaires chez la femme;

-       En fonction de l’ethnie: neutropénie des sujets de race noire ;

-       En fonction des rythmes nycthéméraux: pics pour les diverses lignées leucocytaires en fin de journée ;

-       En fonction des efforts physiques et des stress : polynucléose neutrophile consécutive à une démargination des polynucléaires sanguins ;

-       En fonction d’une éventuelle gestation: fausse anémie par hémodilution durant les derniers mois de la grossesse, polynucléose neutrophile modérée s’accompagnant parfois d’une petite réaction myélémique ne dépassant cependant pas 3%, diminution modérée de la numération plaquettaire ;

-       il sera aussi rappelé que le tabagisme peut s’accompagner d’une tendance polyglobulique liée à un oxycarbonisme chronique et d’une discrète polynucléose neutrophile par libération des réserves médullaires en polynucléaires.

 

           

 

            Certaines anomalies de l’hémogramme justifient l’avis en urgence d’un spécialiste:

 

-       Anémie inférieure à 6g/dl d’hémoglobine ou mal tolérée pour des chiffres supérieurs (sujets âgés, installation rapide de la déglobulisation, risque de décompensation d’une pathologie cardio-vasculaire préexistante) ;

-       Hématocrite > 60% chez l’homme ou > 55% chez la femme ;

-       Neutropénie < 500/mm3 et, a fortiori, agranulocytose ;

-       Présence au leucogramme de cellules immatures (myélémie, érythromyélémie) ou anormales (lymphocytes atypiques, blastes) ;

-       Thrombopénie < 10.000/mm3, ou < 20.000/mm3 s’il est retrouvé des signes hémorragiques cutanéo-muqueux de gravité (purpura rapidement extensif, bulles endobuccales, hémorragies au fond d’œil).